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dimanche 10 avril 2016

Huit convictions au coeur de l'exhortation de François






AMOUR
Un regard lucide sur le couple et la famille
S’il parle du mariage et de la famille, le pape François, dans Amoris laetitia, veut d’abord « parler de l’amour ». Le pape consacre d’ailleurs une longue et belle méditation à l’hymne à la charité de saint Paul (1 Co 13, 4-7), un texte souvent utilisé par les époux lors de leur mariage.
ACCOMPAGNER 
Au côté des plus fragiles
L’accompagnement est un thème privilégié du pape François. Mais au-delà de ce qu’il en dit, le style même d’Amoris laetitia témoigne de sa posture de pasteur attentif à tous, quelles que soient les situations familiales : ses mots sont ceux d’un prêtre qui a beaucoup écouté. « L’Église doit accompagner d’une manière attentionnée ses fils les plus fragiles », affirme-t-il avec les pères synodaux.
HOMMES ET FEMMES
L’éloge d’un certain féminisme
Ancrée dans l’anthropologie biblique, l’exhortation apostolique fait l’éloge de la différence hommes-femmes. Une réponse aux inquiétudes exprimées par les pères synodaux face à l’idéologie du genre. « Il ne faut pas ignorer que le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparés », rappelle le pape qui souligne aussi que « la valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent ».
PROCRÉATION
Une décision en conscience
La régulation des naissances, lieu de fracture entre de nombreux couples catholiques et le Magistère depuis l’encyclique Humanae vitae du pape Paul VI en 1968, est abordée à plusieurs reprises. Fidèle à sa méthode, François assume l’enseignement de ses prédécesseurs mais opère des déplacements. Ainsi, s’il « faut redécouvrir le message de l’encyclique Humanae vitae de Paul VI, qui souligne le besoin de respecter la dignité de la personne dans l’évaluation morale des méthodes de régulation des naissances », comme l’ont souhaité les pères synodaux, il ne reprend pas les termes du permis ou défendu.
SACREMENT
Favoriser l’intégration
Cette question avait été abordée dans le rapport final du synode, qui ouvre en particulier la voie au baptême pour les catéchumènes remariés qui avaient divorcé d’un premier mariage civil (n° 75) « à une époque où au moins un des deux conjoints ne connaissait pas la foi chrétienne ». À l’instar du document final, l’exhortation post-synodale insiste d’une manière générale sur l’accompagnement au cas par cas, en ne lésinant pas sur le vocabulaire ! « Il est mesquin de se limiter seulement à considérer si l’agir d’une personne répond ou non à une norme générale, car cela ne suffit pas pour discerner et assurer une pleine fidélité à Dieu dans l’existence concrète d’un être humain. » 
DISCERNEMENT
Sortir du légalisme
«Si l’on tient compte de l’innombrable diversité des situations concrètes (…), on peut comprendre qu’on ne devait pas attendre du synode ou de cette exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas. » Les pères synodaux réunis à Rome avaient été prévenus : ils ne devaient pas s’attendre à des changements de doctrine. Mais, avec cette exhortation, le pape François ne s’en tient pas non plus à des simples aménagements pastoraux. « C’est à un changement de regard sur les familles qu’il invite les pasteurs : en ne changeant pas la loi mais en leur demandant de faire du cas par cas, il va finalement beaucoup plus loin », observe Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, et participant à la deuxième assemblée du synode.
DIVORCÉS-REMARIÉS
Une nouvelle approche dans l’accueil
Objet des plus vifs débats dans les médias et dans l’opinion, l’accueil des divorcés remariés dans l’Église ne fait l’objet d’aucune révolution juridique et doctrinale. « Le pape ne dit pas la phrase que tout le monde attendait. Mais c’est tant mieux ! Il n’enferme pas l’Evangile dans un règlement », se félicite Mgr Jean-Paul Vesco, auteur de Tout amour véritable est indissoluble (Ed. Cerf), ouvrage dans lequel l’évêque d’Oran plaidait pour un changement de discipline sans pour autant remettre en cause la doctrine.
HOMOSEXUALITÉ
L’exhortation rappelle la doctrine
S’il évoque largement les situations dites « irrégulières », le pape mentionne très peu l’homosexualité de manière explicite. Cette question est citée parmi les « situations complexes » examinées par le pape, comme les mariages mixtes et les familles monoparentales. Le fait d’avoir au sein des familles « des personnes manifestant une tendance homosexuelle » est « une expérience loin d’être facile tant pour les enfants que pour les parents »,affirme le pape.
Journal "La Croix" 8 avril 2016