"Nous avons eu
la joie, mon mari et moi, d'aller en Chine cet été, une douzaine de jours, dans
cette magnifique région du Yunann, à Dali, à proximité du lac Erhai et du mont
Cangshan.
Notre fils
Ghislain y vit et y travaille depuis maintenant plus de huit ans, avec sa femme
Achun, ils ont un petit garçon de presque un an Yulong ( Dragon de jade ).
Après
avoir visité Dali, la vieille ville, qui est à une vingtaine de kilomètres de
Dali nouvelle ville, et y avoir rencontré les multiples amis de notre fils,
tant Chinois qu'européens, car là y vit une très forte communauté d'expatriés
de toute l'Europe , ne trouvant plus dans leur pays d'origine de quoi les
satisfaire, et les raisons en sont très variées....mais ayant trouvé à Dali de
quoi construire ou reconstruire une vie tant professionnelle que familiale ou
amicale...car cette communauté est très soudée et fraternelle...
Dali est
colorée, gaie, vivante: la foule y est nombreuse jusqu'à deux ou trois heures
du matin, et quantité de personnes travaillent encore fort tard dans les
rues...calligraphistes, créateurs de bijoux, vendeurs de parfums,cuisiniers,
chanteurs de rues, etc...
Puis, nous sommes allés à la rencontre de la très nombreuse famille
d'Achun, ma belle fille...... celle vit dans un petit village regroupant tous
les membres de la famille, à 2500 mètres d'altitude, au bout d'un long chemin
de 2 à 3 kilomètres, où ni bus ni taxi ne peut accéder: le chemin se fait à
pied, dans la boue et les flaques d'eau, quand il pleut, ce qui était le cas à
notre arrivée.
La famille nous
attendait avec impatience et angoisse: la grand mère ( nai nai ) la soeur, les
frères, les cousins et cousines, les oncles et tantes, les neveux et nièces de
tous âges, les plus proches voisins également.
il faut
dire qu'à part Ghislain et deux ou trois de ses amis européens venus pour son
mariage en 2012, ils n'ont jamais vus d'européens... notre venue était
donc un évènement pour eux.
ils ont donc
tué une chèvre en notre honneur, chèvre qu'ils ne consomment qu'en de très
rares occasions..
Nous
avons donc partagé la vie de cette famille, vie toute simple, de cultivateurs
et d'éleveurs dans la montagne, où tout se fait à pied et à la main... le riz,
le thé, le mais, les bambous, les bananiers; les cochons, les poulets, les
chévres, les vaches pour la viande, car dans cette partie de la Chine, il n'y a
pas de produits laitiers... il n'y a pas de pain non plus, donc pas de blé.
Nous avons vécu
trois jours au sein de cette famille très nombreuse où chacun vaque à sa
besogne la journée, mais aime à se retrouver le soir ou le petit matin pour un
repas commun autour de l'âtre de la cuisine, ou dans la cour, vaste espace
communautaire, ou l'on peut prendre ses repas quand il ne pleut pas, jouer pour
les enfants, se laver et faire la vaisselle, car un robinet y coule
toujours...
Les repas se
prennent assis sur des tabourets bas autour d'une table basse ou tous les mets
du repas sont posés dans des bols et chacun se sert.: riz et légumes, eau tiède
et thé.. il n'y a pas de desserts.
Le
paysage est grandiose, majestueux, à l'image de cette famille, qui est pauvre,
mais qui a su tout nous donner, leur être même...
attention constante, sourires,
générosité, là, il n'y avait pas le souci du paraitre, mais seulement celui de
l'être, comme le sont les enfants et étaient tous les enfants rencontrés, dans
la famille et ailleurs...
Il me
semble que nos sociétés repues de tout ont perdu le sens communautaire, et
qu'il faille le reconstruire, voire le susciter... alors que là, au coeur de
cette Chine pauvre, il existe à l'état naturel... richesse et
pauvreté... avoir et être."