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vendredi 28 septembre 2018

A-Dieu à notre chère Françoise, le jeudi 27 septembre 2018 : un moment très émouvant en fraternité.


Chère Françoise, "Notre" chère Françoise,

"Que tu es belle ! aujourd'hui, c'est toi qui nous élèves !"
Combien nous avons pu rire ensemble, en fraternité, à tes phrases favorites !
Et combien nous avons su goûter ta joie, ton émerveillement, ton éclat
lorsque nos visages ou d'autres visages, ceux d'inconnus, de soignants
ou de gens de la rue croisaient le tien, reflet d'un Autre Visage !
Tu sais sans doute que tes frères et sœurs de la fraternité
trinitaire d'Angoulême se sont sérieusement -et joyeusement - mis à la
tâche avant-hier pour élaborer ce petit mot d'à Dieu et d'action de
grâces !

"Gaîté, sourire, émerveillement, compassion, accueil des personnes en
souffrance, fraîcheur, esprit de service, patience..." Bien des images
liées à des moments de grâce vécus ensemble nous sont alors revenus en mémoire !

Une joie communicative, un sourire d'enfant, offert à tous, comme le
soleil, le goût du chant, de la fête, de la louange nous rappellent
que tu portes ton prénom à merveille Françoise ! Ce n'est pas le petit
pauvre d'Assise qui nous contredira je pense...

Pour certains commerçants d'Angoulême ou des personnes de la rue avec qui tu avais noué des liens d'amitié, tu étais "la p'tite dame aux
sacs" : sacs au pluriel et miraculeux entre parenthèses ces sacs où
voisinaient paisiblement la Bible, des recettes de cuisine, une râpe à fromage, 
la Vie de Ste Thérèse d'Avila par elle-même, l'inévitable bouteille de Coca-Cola et j'en passe...

"La p'tite dame aux sacs", c'était celle qui prend le temps d'écouter
et de consoler, celle qui embrasse à pleines joues, blague pas mal,
fais des gaffes et vous entraîne dans un fou rire libérateur !
De temps en temps, tu confiais à certains d'entre nous les souffrances
et les épreuves d'une enfance et d'une adolescence plutôt
douloureuses. Certaines de tes blessures encore vives remontaient
alors à la surface...C'est sans doute pourquoi ton cœur s'était si
largement ouvert aux angoisses et aux détresses de ceux que tu
rencontrais dans la rue, dans les magasins à l'accueil de Béthanie ou
à celui de l'église St-Martial.

A la paroisse parisienne de St-Leu-St-Gilles, rue Saint Denis, tu fus
"Françoise du Bon Gâteau", surnom que t'avaient affectueusement donné les personnes de la rue pour qui tu confectionnais le petit déjeuner matinal. Collecter des jouets, en compagnie de l'abbé Guy Gilbert et te donner à fond pour les plus démunis a sans doute été une des expériences les plus marquantes de ta vie car tu en parlais souvent, et avec flamme !


St-Leu-St Gilles, ce fut aussi pour toi la rencontre décisive, il y a
presque 20 ans, de notre frère Denis et plus tard, en sa compagnie la
charge du centre d'accueil spirituel de Liesse (ancien carmel) :
Liesse, Laetitia : la Joie ! Un beau programme !

Et puis, avec la vigilance et les encouragements constants de notre
frère, ce fut la découverte du charisme trinitaire à Cerfroid, berceau
de l'Ordre de la Sainte Trinité et du Rachat des Captifs.
C'est dans ce coin agreste et perdu du Valois que plusieurs d'entre
nous t'ont découverte, joyeuse, apaisée, heureuse d'être entourée de
sœurs et de frères délicats et attentionnés, fidèle au service et à
la prière.
Dès l'aurore on était sûr de te trouver à la "corvée carottes" ou à
l'épluchage des pommes du verger, ton casque musical bien ancré sur
tes deux oreilles !


Après le décès d'Isabelle, l'une de tes trois filles, fin 2009 puis ton arrivée à Angoulême, au sein de la fraternité trinitaire à l'automne 2010, nous avons eu, les uns et les autres, la joie de découvrir une grand-mère fière et émerveillée de pouvoir dialoguer, grâce à Skype, avec ses petits-enfants d'Angleterre, les enfants d'Isabelle...


Avec l'aggravation de ta maladie (Alzheimer), tes séjours à Beaulieu,
Fontdouce puis Mansle, notre petite fraternité, bousculée, s'est
adaptée et a changé de rythme : désormais c'est toi qui donnais le
tempo et c'était très bien ainsi ! Car Béthanie, c'est Marthe - nous
en avons - c'est Marie - nous en avons - et c'est Lazare...nous en
avons aussi pas mal !

Au fur et à mesure que ta raison et ta mémoire s'obscurcissaient, ta
présence bienveillante (et farfelue aussi !) nous a sacrément aidés à
vivre ta maladie "en famille", soudés, fatigués, dans la bonne humeur
et la lumière que tu nous communiquais.

Oui ! tu nous as "élevés" chère Françoise, nous forçant à nous adoucir
et à mieux vivre en frères autour de toi, avec le Seigneur, dans le
Seigneur...

Et puis, dans les derniers temps, quand tout s'effaçait
progressivement, la louange montait subitement à tes lèvres : "Que ma
bouche chante Ta louange !"


Oui, chère Françoise, continue de chanter, de ta belle voix
cristalline, la louange de ton Bien Aimé et maintenant que tu vis dans
Sa Lumière, veille sur tous tes amis d'ici-bas, veille sur Catherine
et Emmanuelle et sur tes merveilleux petits-enfants d'Outre-Manche
et...

 Que Ta bouche chante éternellement Sa louange !!!  Amen !

Tes frères et sœurs de la Fraternité Trinitaire d'Angoulême




A Cerfroid
2004-2010













A Angoulême
2010-2018