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samedi 12 juin 2021

Témoignages sur la vie de notre frère Dominique Leprêtre qui nous a quitté le 5 juin 2021






Ordonné diacre permanent le 16 juin 2019, Dominique Leprêtre a été rattrapé par la maladie avant de pouvoir exercer durablement son ministère. Mais pour tous ceux qui ont croisé son chemin, l’homme d’une profonde bonté et d’une sincère humilité incarnait la dimension diaconale. 

Témoignages. 

Dominique Leprêtre est arrivé en Charente en 2010 dans le sillage du père Denis Trinez, invité à fonder une fraternité trinitaire à Angoulême. À près de 60 ans, l’homme à l’allure fluette avait tout quitté pour relever le défi de créer « une fraternité aimante et priante ». Avec simplicité et humilité, il s’est tout de suite mis au service des Charentais, en premier lieu des personnes souffrant psychiquement à l’hôpital Camille Claudel et dans divers services et mouvements du diocèse. 

« Dominique a vraiment aimé les gens qu'il a rencontrés. Il les a aimés d'un amour qui prend patience, qui ne jalouse pas, qui ne cherche jamais son intérêt, mais qui voit toujours l'intérêt de l'autre », se souvient Françoise Riffaud, d’Amitié Espérance. « Il y avait quelque chose de très fort dans le silence et dans la discrétion qui émanait de lui[…]. Les personnes en souffrance lui étaient très attachées. Il savait se pencher vers elles, leur donner la main, sans bruit ». 

 « C'est le charisme de la charité qu'il avait en lui », retient Annie Fauconnet, responsable Relais Lumière Espérance du diocèse qui a rencontré Dominique quand il était aumônier du CHS. « Dominique avait beaucoup d'humour. J'aimais bien ce côté qu'il avait de mettre les phrases parfois à l'envers pour faire rire. Il avait toujours des petites anecdotes pour faire rire les patients du CHS qui sont toujours très angoissés, pour mettre un peu de joie et leur faire penser à autre chose ». 

 « Il était empreint d'une très grande humanité, à l'image de Jésus dans l'évangile », appuie Barbara Labaisse, aumônier du CHS Camille Claudel. « Quand Dominique posait son regard sur quelqu'un, il avait cette très belle clairvoyance de l'amour, du regard qui voit la personne dans sa beauté d'être. Il accueillait vraiment chacun comme il était [...]. Il avait le don des larmes. Il pouvait avoir les yeux qui s'embuaient de larmes quand il se passait quelque chose de merveilleux comme quelque chose de difficile, de tragique. De mes trois années passées auprès de lui à Camille Claudel, je retiens cette très belle présence à l'autre. Il n'était pas dans le temps. Il était hors du temps. Il arrêtait le temps quand il était avec une personne. C'était une personne très sensible, très humaine. J'ai beaucoup reçu en humanité auprès de Dominique ». 

Son dévouement auprès des autres, auprès des plus pauvres, a amené Dominique Leprêtre a accepté à presque 70 ans le ministère diaconal. « C’est un homme qui a toujours été au service et il a compris que cette mission pouvait lui aller parfaitement », explique Jean-Paul Morin, diacre formateur au diaconat. « Dominique aura peu exercé sa mission de diacre permanent mais il a marqué et aura marqué toutes celles et ceux qu'il a pu rencontrer y compris le groupe des diacres de Charente […]. C'est un homme d'un grand charisme qui savait fédérer autour de lui et je pense qu’il aurait certainement pu apporter à l'Église beaucoup de paix et de sérénité ». 

« Dominique n’a été diacre que deux mois mais ce n'est pas vrai, il a été diacre bien avant. Il savait montrer qu'il avait un grand attachement au Seigneur par la prière et par sa manière d'être proche des autres. Il avait une approche parfaitement diaconale du service. L'église de Charente a besoin de diacre comme lui », souligne Bruno Lemaire, diacre et responsable des personnes en situation de handicap. « Dominique ne s'imposait pas, refusait même de s'imposer, de se mettre en avant, mais au contraire il était là pour débloquer les choses. Il avait le mot juste aussi, il savait apaiser dans des situations un peu difficiles, et inviter à la prière ». 

 « C’était un grand priant », ajoute Claire Lemaire qui a rencontré Dominique Leprêtre par le biais de Foi et Lumière avant de l’héberger durant sa maladie. « Après une hospitalisation, il est venu se reposer chez nous. Il avait un autre statut parce qu'il était malade et il était assez réaliste sur sa maladie. Ce qui m'a beaucoup touchée, c'est de prier avec lui et Bruno, la liturgie des heures. C'était quelqu'un qui vraiment prenait son temps. Et même s’il était fatigué, il voulait tout le temps m'aider dans la cuisine. Il faisait la salade de fruits avec une petite touche de jus de citron. Il avait plein d'idées […] Il était peut-être effacé dans un groupe mais il savait ce qu'il voulait. Je pense qu’il a dû recevoir cette grâce de l’humilité ». 

Tous les jours, Dominique retrouvait les membres de la fraternité trinitaire. « C’était quelqu'un de très simple, avec beaucoup d'humour, un peu pince sans rire ce qui faisait que certaines fois des gens s'y trompaient, et ça m’amusait beaucoup, et surtout quelqu'un de très serviable », partage Béatrice Hachette, l’une des membres. « Je crois que son trait de caractère principal, c’est de toujours faire des choses sans rien dire, comme nettoyer derrière l'église sans que personne ne lui ai rien demandé ou vider la poubelle »
Tous les vendredis, Dominique préparait le repas pour la fraternité. « Il faisait ça avec beaucoup de simplicité là aussi, de modestie. On le voyait pas trop, on le voyait tellement peu que pendant le repas, il fallait aller le chercher pour lui dire : ‘’écoute, on aimerait bien que tu sois avec nous’’, tellement, il voulait laisser tout impeccable », raconte Béatrice Hachette. 

« Quand on rentrait dans sa cuisine avant l'heure, il était toujours un peu bougon, il ne fallait surtout pas le déranger. Et il avait horreur qu'on gaspille. Donc, il utilisait souvent tous les restes et quelques fois ce n'était pas trop présentable et pas trop bon, mais il se rattrapait toujours au dessert, en faisant des petits desserts surprises. Il avait l'art de faire plaisir et il aimait faire plaisir », se souvient sœur Marie-Paule. « Il faisait aussi les choses bien discrètement. Par exemple le vendredi au milieu de sa cuisine, il se débrouillait toujours pour nettoyer complètement le frigidaire. Il ne disait rien et il faisait discrètement ». 
« Dominique est devenu officiellement diacre avant sa maladie mais je dirais qu'il a été diacre toute sa vie. C'était un serviteur. C'était un diacre, voilà », s’accorde à dire sœur Marie-Paule et tous ceux qui l’ont connu. 

Dominique Leprêtre s’est éteint le 5 juin. Sa famille et ses amis l’ont accompagné pour son grand passage dans la lumière le 11 juin lors d’une célébration à l’église Saint-Martial. Par sa simplicité et son humilité, sa vie de prière et de dévouement, il était un témoin de Dieu vivant qui restera dans les mémoires de tous ceux qui ont croisé sa route en Afrique, dans le Nord à Cerfroid, à l’Arche, et bien sûr en Charente. 

 Laetitia Thomas 
 Le Courrier français 
 juin 2021


   

Témoignage de Jean-Paul Morin 
lors des obsèques de Dominique 

Dominique je veux m’adresser à toi en te disant ces paroles que nous rapporte Saint Jean, à sa manière, des derniers entretiens de Jésus à ses disciples dans les derniers jours de sa vie terrestre : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » si le Christ l’a prouvé lui qui est allé jusqu’à donner sa vie pour nous sur une croix, Dominique tu l’as prouvé aussi  ! 

 Et je veux, alors, te dire tout simplement ce petit mot qui vient du cœur : Merci. 

Merci pour l’homme simple, humble que tu as été. Merci pour tout le temps que tu as passé à l’écoute des autres pour leur réchauffer le cœur. 

Merci pour tout le temps que tu as passé aux services des autres parce que tu étais vraiment l’homme du service. 

Merci pour tes sourires, tes partages, tes moments de grande joie au cours de nos rencontres avec ton équipe d’accompagnement pour le diaconat. 

Merci pour ton visage qui s’est éclairé de lumière, quand je t’ai dit que tu pouvais faire ta demande, auprès de notre évêque pour que tu puisses être ordonné. 

Merci pour ton ordination qui fut un moment de grande joie pour nous tous ; qu’il fut doux et réconfortant de te voir heureux plonger dans l’amour de Dieu. 

Dominique tu as exercé peu de temps ta mission de diacre permanent mais tu auras marqué et a marqué  celles et ceux qui ont pu te rencontrer ; tu étais et es vraiment un serviteur de Dieu. 

Dominique tu es un priant, un passionné de Dieu parce que tu sais que Dieu est Amour. Au nom de mes frères diacres et de leurs épouses je veux encore te dire Dominique : tu vas manquer à notre fraternité diaconale mais tu seras toujours avec elle, avec nous. 

Et puis Dominique je suis sûr que Marcelle, l’épouse de Klébert, et Nicole, mon épouse, seront aussi présentes pour le banquet du Royaume au moment où Dieu va te recevoir avec tous les Saints du Ciel. Au revoir Dominique, mon frère. 

Jean-Paul Morin,  
Diacre permanent à Ruffec

11 juin 2021