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lundi 10 février 2014

Message du ministre général des frères trinitaires à l'occasion de la fête de saint Jean-Baptiste de la Conception et de la clôture de l'année jubilaire




Nous nous approchons du 14 février, fête de notre réformateur, saint Jean Baptiste de la Conception, qui coïncide avec la clôture de l’Année jubilaire trinitaire. 

Je voudrais personnellement saluer chacun d’entre vous dans l’esprit et l’amour de nos Pères saint Jean de Matha et saint Jean Baptiste de la Conception. 

Pendant ces 14 mois, nous avons rendu grâce à la Trinité Sainte d’une manière spéciale pour le don de nos Pères, de notre vocation et du charisme trinitaire et rédempteur. Nous avons aussi vécu des moments pour demander pardon à Dieu pour nos manques et nos infidélités du passé comme du présent. Comme fruit, nous avons pu accroître notre connaissance et notre amour pour nos Pères et à travers nos apostolats, les faire connaître, aimer, ainsi que l’Ordre de la Très Sainte Trinité et des Captifs fondé et réformé par eux.
A quelques mois de la conclusion du Chapitre général, deux préoccupations me sont venues à l’esprit avec insistance que je désire vous manifester ici. La première se réfère aux initiatives de ces centenaires trinitaires, initiatives accompagnées de célébrations, congrès et publications avec ces réflexions et ces débats. 

Je me demande: “Comment pourrions nous continuer à puiser dans l’esprit de nos Pères, afin qu’ils puissent être plus connus et appréciés ainsi que l’Ordre qu’ils ont fondé et réformé dans les différents pays où il est présent?”. 

La seconde, qui est sans doute liée à la première, se réfère à la réalité de la violence et de la persécution que tant de chrétiens, nos frères et sœurs, souffrent dans de nombreux pays. Je voudrais vous présenter dans ce message bref et incisif, mes réflexions sur la question de la persécution religieuse dans le monde d’aujourd’hui vue qu’elle touche le cœur même de notre charisme et mission. 

Selon notre règle trinitaire, “la rédemption des captifs qui sont incarcérés par les païens à cause de leur foi au Christ” est l’objectif principal de la vie et des activités de notre famille religieuse. La vie de saint Jean de Matha et les écrits de saint Jean Baptiste de la Conception confirment cette finalité principale de notre Ordre de la Très Sainte Trinité et des Captifs, nonobstant qu’ils ont vécu en des temps et en des circonstances différents.
Comme nous le savons bien, la persécution religieuse est la violence que subit le peuple à cause de ses croyances et pratiques religieuses. Ses droits fondamentaux, comme vivre en liberté et dans la sécurité, sont niés à cause de son option religieuse. Dans ces pays où les chrétiens sont persécutés, nombreux d’entre eux non seulement sont molestés, mais aussi torturés, violés, séquestrés, emprisonnés ou assassinés pour leur foi. La description faite par John L. Allen, Jr., un des journalistes américains les plus reconnus et respectés nous présente dans son dernier ouvrage, “The Global War on Christians”, un panorama clair de la persécution des chrétiens dans le monde d’aujourd’hui:
“De l’Iraq et l’Egypte jusqu’au Soudan et Nigeria, de l’Indonésie à l’Inde, les chrétiens dans ces premières décennies du XXIème siècle sont le groupe religieux le plus persécuté au monde. Selon la International Society for Human Rights, 80% des violations de la liberté religieuse dans le monde d’aujourd’hui se produit contre les chrétiens. Plus de deux tiers des 2 milliards 300 millions de chrétiens aujourd’hui vivent en dehors de l’Occident, souvent minorités opprimés par une majorité hostile – par le fondamentalisme islamique au Moyen Orient et en Afrique et Asie, par le radicalisme hindou en Inde, ou par les Etats qui imposent l’athéisme comme la Chine ou la Corée du Nord. Tandis que les chrétiens en Europe et en Amérique du Nord doivent faire face à des défis politiques et légaux quand à la liberté religieuse”.
Parce que la violence contre les chrétiens est si flagrante et tant répandue dans le monde, le pape François, à différentes occasions a appelé et convoqué à la prière et au sacrifice en faveur de ceux qui souffrent pour la foi. Dans sa lettre adressée au Ministre général de l’Ordre (17/12/2013), il nous rappelle que nos Pères “ont reçu un appel de Dieu qui les bouleversera complètement et les poussera à proclamer leur foi en l’Evangile en se dépensant et en s’épuisant en faveur des plus nécessiteux, de ceux qui souffrent le plus, de ceux à qui le monde voulait supprimer cette joie ». Les nouvelles des fréquents et douloureux actes de persécution des chrétiens se poursuivent et nous parviennent quotidiennement. Ce fait nous fait aussi percevoir la valeur et l’actualité de notre charisme aujourd’hui. Je me demande souvent comment notre fondateur et réformateur auraient répondu face à cette cruelle réalité, à la situation d’innombrables frères persécutés à cause de leur foi. En lisant la règle que nous a laissée le fondateur et en examinant la vie et les écrits de notre réformateur, j’ai la forte sensation qu’ils y répondraient avec passion et urgence. Ils redoubleraient l’intensité de leurs prières et de leurs sacrifices, exhorteraient les frères à faire de même, et leur sens de solidarité avec l’humanité souffrante et persécutée se traduiraient en gestes concrets en faveur des victimes.
Dès lors je peux mieux comprendre la raison et les circonstances de l’ardeur et du zèle déployés par nos Pères dans leur amour pour les pauvres et les captifs, le pourquoi sur l’insistance d’un style de vie simple et frugal. Je perçois mieux l’utilité et la valeur de la “tertia pars” dans notre règle et l’importance de la Caisse de la Rédemption dans nos communautés. De cette perspective je peux mieux apprécier le sens de notre prière quotidienne pour les pauvres, les persécutés et les captifs. Face à un drame humain et d’une extrême violence, comme chrétiens et comme trinitaires, nous ne pouvons rester indifférents ou à moitié endormis. Certes, il est vrai que chacun de nous est déjà fortement engagé dans les différents apostolats et que le SIT est actif au niveau international et national pour revitaliser notre charisme rédempteur, toutefois les violences contre les chrétiens se répètent et augmentent. Nous sommes invités à développer notre ferveur et notre engagement dans notre vie trinitaire, non seulement en des gestes de solidarité, mais aussi en approfondissant la motivation de notre vocation comme personnes consacrées. De cette manière nous glorifierons la Sainte Trinité et nous procurerons liberté et dignité à nos frères qui souffrent et qui sont persécutés. En conséquence, cette perspective donnera une couleur et un élan spécial à notre prière, à notre communauté, à la formation, au gouvernement et à l’animation, au style de vie et à toutes les activités qui nous réalisons pour accomplir notre mission.
Comme vous le savez tous, traduire notre charisme en gestes concrets le fortifie et le confirme. Face à la situation dramatique et urgente de guerre et de souffrances du peuple syrien, le Conseil général et l’organisme SIT, ont ressenti comme impératif de répondre d’une manière ou d’une autre à la souffrance des chrétiens déplacés à travers un geste concret de solidarité. Fr. Thierry Knecht, Président du SIT Général, et moi-même nous avons été reçus par le cardinal Robert Sarah, Président du Conseil pontifical Cor Unum, afin de recevoir un conseil afin de pouvoir faire parvenir notre solidarité et alléger quelque peu la souffrance des chrétiens victimes de la guerre. Le cardinal nous a suggéré de nous mettre en contact avec Monseigneur Antoine Audo, évêque d’Alep et directeur de la Caritas Syrie. Mgr. Audo nous a invité à participer à un projet d’aide de 275 familles déplacées de son diocèse, en nourriture et en vêtements pour près de 1000 personnes. Nous avons déjà communiqué cette nouvelle et ce projet aux différentes juridictions de l’Ordre et au reste de la Famille trinitaire demandant leur collaboration. Différentes juridictions, communautés, personnes et secteurs de la Famille trinitaire ont déjà répondue généreusement à l’appel que nous avons lancé. A ce jour, nous avons envoyé la somme de 20.000 euros à Mgr. Audo, ce qui permettra d’aider ces familles durant trois mois. Toutefois, il est nécessaire de poursuivre notre aide afin de couvrir leurs nécessités les plus urgentes. Je vous invite tous à appuyer ce projet par votre prière et votre aide matériel, surtout avec le fruit de votre propre sacrifice personnel et communautaire.
Comme le thème de la persécution religieuse des chrétiens a été une des nouvelles les plus fréquentes durant cette Année Jubilaire trinitaire, je crois que la Très Sainte Trinité nous a voulu donner un signe fort de la validité et de l’incidence de notre charisme aujourd’hui. Que la mémoire et l’esprit de nos Pères fondateur et réformateur et les défis que nous expérimentons dans l’actualisation du don hérité d’eux, nous aident à vivre et à irradier notre charisme et mission d’une manière toujours plus profonde.
En invoquant la protection de la Vierge Marie, Mère du Bon Remède, sur chacun d’entre vous et sur toute la Famille trinitaire, je vous souhaite une belle fête de la saint Jean Baptiste de la Conception.
Fraternellement,
frère Jose Narlaly, O.SS.T 

dimanche 2 février 2014

Saint Benoît-Joseph Labre, le saint de la route, membre d'une confrérie trinitaire, héros de la bande dessinée chrétienne cette année



"Quelques écorces d’orange amère : Une vie de Benoit Labre"

Retrouvez la vie du saint « vagabond de Dieu ». Un récit bouleversant et atypique, servi par un dessin exceptionnel. Du grand art.

Jeune homme scrupuleux et austère, Benoît Labre doit renoncer à plusieurs reprises à rejoindre une communauté religieuse, faute d’être accepté. Il choisit alors une vie de mendiant et de pèlerin, voyageant de sanctuaire en sanctuaire. Il décide de se faire pauvre parmi les pauvres jusqu’à partager avec eux le fruit de sa mendicité et à faire le vœu de ne plus se laver !

Voici l’histoire étonnante de ce saint « vagabond de Dieu », méprisable au regard de la société mais grand témoin auprès des hommes durant et après sa vie.
Dessinateur
Erwan Le Saëc est un dessinateur de bandes dessinées policières. Après des études de typographe, il commence à dessiner des bandes dessinées en 1985. En 1987, il crée un fanzine à Rennes. Sa première série, Les enragés (1994-1999, Delcourt), est l’histoire d’Hamlet, un tueur à gages américain. La série Ce qui est à nous, dont David Chauvel est le scénariste, nous plonge dans l’histoire de la Mafia (1999-2005, éd Delcourt). Depuis 2007, Erwan Le Saëc poursuit le dessin de la série Mafia story (éd. Delcourt), dont les deux premiers tomes ont reçu le prix du festival Polar’Encontre (Lot-et-Garonne).

Coloriste
Tatiana Domas dessine depuis l’enfance. Elle a étudié à l’école des Beaux-Arts de Saint-Étienne, puis à l’Ecole Emile Cohl. Avec le scénariste DP Filippi, elle illustre la série pour enfants Téo, dont le premier tome, « Téo, le Jardin de Grand-Mère » (éd. Delcourt Jeunesse, 2000) a reçu le Prix « Tibet » au Salon du Livre Jeunesse de Troyes 2001. En 2006, elle réalise avec Albern la bande dessinée jeunesse « Le secret des Lutins » (éd. Petit à petit avec l’appui du CNL - prix de la ville de Moulins 2009). Tatiana dessine aussi pour des collectifs, des romans pour la jeunesse (Magnard, Le Jasmin, Michalon, …), la Presse (Bayard, Erel éditions, Lyon Mag).

Scénariste
Christophe Hadevis est prêtre du diocèse de Vannes et passionné de bande dessinée. Dans sa précédente mission de curé à Chalon sur Saône, il voulait faire connaître la vie du saint patron de la paroisse, saint Just de Bretenières. Il réalise donc le scenario d’un premier album : Le 22e jour de la Lune ( dessin Juliette Derenne, éd. Emmanuel, 2010 – Mention spéciale BD chrétienne d’Angoulême 2011). La bande dessinée est pour lui un moyen de parler de Dieu et de toucher les gens par l’image, tout comme il a été lui-même touché, enfant, en lisant un album pieux illustré. En tant que scénariste, il a en poche de nombreux projets BD qui le conduisent à travailler avec des dessinateurs de BD de tous horizons.

Interview d'Erwan Le Saëc et du Père Christophe Hadevis par Marie Blétry 

Erwan, connaissiez-vous Benoît Labre ?
Erwan Le Saëc : Non, c’est Christophe Hadevis qui me l’a fait découvrir en me proposant le projet de raconter la vie de ce personnage en bande dessinée. Il m’a alors fourni sa biographie afin de me documenter.
Père Christophe, quand et pourquoi avez-vous eu l’idée de créer des bandes dessinées ?
Christophe Hadevis : Lorsque j’étais curé à Chalon-sur-Saône, je souhaitais faire connaître la vie du saint patron de la paroisse, saint Just de Bretenières, d’où un premier album2. Une manière d’évangéliser par l’image, comme je l’ai été moi-même, lorsque, enfant, je suis tombé sur un album pieux rapporté par mon père brocanteur. Ce fut mon premier contact avec le Christ en croix, représenté dans l’ouvrage…
Les artistes de BD ont-ils l’habitude de travailler avec des prêtres ?
CH : Pour la grande majorité, non. Mais ils ont un cœur ouvert et acceptent de mettre leurs talents au service de l’histoire d’un homme ou d’une femme qui a donné sa vie. L’objet d’une BD peut aussi être la pensée de tel ou tel saint.
ELS : Pour moi, c’est une première. Mais un prêtre, ce n’est pas un martien… Même s’il est certain que son amour de l’humanité est plus développé que le mien. Je pense qu’il est difficile de trouver des dessinateurs pour travailler sur des sujets liés à la religion. Sauf lorsqu’il s’agit de la dénoncer bien évidemment ! Il est bien connu que le milieu de la BD est plein de “rebelles” (rires). En ce qui me concerne, il suffit que quelque chose soit tacitement interdit pour que j’aie envie de le faire, ça s’appelle l’esprit de contradiction.
Que vous a apporté ce projet ?
ELS : La satisfaction d’avoir réalisé graphiquement autre chose que mes travaux précédents. J’envisagerais avec joie une autre collaboration avec Christophe et Tatiana.
CH : En tant que prêtre, cela permet d’aller sur les traces des vitraillistes qui parlaient de Dieu et des saints par l’image. Écrire des scénarios m’offre aussi la possibilité de me documenter en histoire et d’évangéliser mon imaginaire.
Quelques écorces d’orange amère, Une vie de Benoît Labre
Le Saëc, Hadevis, Domas
editions de l’Emmanuel, 48 pages, 15€