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samedi 31 octobre 2015
dimanche 25 octobre 2015
samedi 24 octobre 2015
Les pères synodaux ont adopté le document final : Il ouvre la voie au "discernement" pour les divorcés remariés
« les
conséquences des actes ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les
cas ».
ADOPTÉ À UNE VOIX PRÈS
Ce paragraphe sur le
discernement a été adopté à seulement 178 voix, soit, à une voix près, tout
juste les deux tiers pour qu’il soit validé par les 265 pères synodaux votant.
De plus, le rapport
final ouvre la voie au baptême pour les catéchumènes remariés qui avaient
divorcé d’un premier mariage civil (n° 75) « à une époque où au moins
un des deux conjoints ne connaissait pas la foi chrétienne ». L’Église
reconnaissant à ce premier mariage l’indissolubilité du mariage sacramentel
entre deux baptisés, ils n’y avaient jusque-là pas accès. « Les évêques
sont appelés à exercer, dans ces cas, un discernement pastoral
calibré/proportionné à leur bien spirituel ». « Nous reconnaissons
que l’Esprit Saint est venu les chercher là où ils étaient. Peut-on résister à
l’Esprit Saint ? », explique à La Croix Mgr Georges Pontier,
archevêque de Marseille et président de la conférence épiscopale française, qui
a fortement soutenu, avec d’autres, cette proposition.
LANGAGE
RAPPELANT VATICAN II
Au-delà de cette
question, qui aura été très débattue au cours de ce Synode, le document final
déploie un langage non pas centré sur un rappel de la loi – l’Église ne renonce
pas à annoncer la joie et la beauté du mariage – mais portant un regard
compatissant sur les situations familiales, y compris irrégulières. Ce langage rappelle
fortement le regard de Vatican II et notamment de Gaudium et Spes, ainsi
lorsqu’il souligne que « l’Église fait siennes, dans un partage
affectueux, les joies et les espérances, les douleurs et les angoisses de
chaque famille ». Le texte aborde les situations des familles de migrants,
séparées et éprouvées par les conflits ou encore les violences contre les
femmes.
Le texte aborde
l’homosexualité, mais seulement sous l’angle des familles confrontées à cette
situation. Il rappelle la dignité des personnes homosexuelles, rejetant une
discrimination injuste.
« DOCUMENT SUR LA
FAMILLE » DEMANDÉ AU PAPE
L’ensemble des 94
paragraphes ont recueilli la majorité qualifiée nécessaire des deux-tiers,
contrairement au document final de l’an dernier où 3 paragraphes ne l’avaient
pas recueillie.
Les pères synodaux
concluent leur texte par une demande au pape de donner à l’Église « un
document sur la famille », lui laissant ainsi des marges pour préciser les
conditions d’accès aux sacrements pour les divorcés remariés.
Le pape François a
conclu les trois semaines de travaux de l’assemblée par un discours fort, très
orienté vers la miséricorde. « Les vrais défenseurs de la doctrine ne sont
pas ceux qui défendent la lettre mais l’esprit ; non les idées mais les hommes ;
non les formules mais la gratuité de l’amour de Dieu et de son pardon »,
a-t-il déclaré. « Le premier devoir de l’Église n’est pas celui de
distribuer des condamnations ou des anathèmes mais il est celui de proclamer la
miséricorde de Dieu »
Devant les différences
notables entre évêques et des situations des familles selon les continents, il
a invité à « l’inculturation » : « L’inculturation n’affaiblit
pas les vraies valeurs ».
Dans ce discours, le
pape est revenu aussi sur les incidents ayant émaillé ce Synode, accusant
« des méthodes parfois pas du tout bienveillantes ». Une référence
implicite à la lettre rendue publique de cardinaux doutant de sa conduite des
travaux.
Céline Hoyeau et
Sébastien Maillard (à Rome)
Source : "La Croix" du 24 octobre
"Un texte d’équilibre, qui ouvre des portes"
Philippe Bordeyne, recteur de l’Institut catholique de Paris, qui a participé au synode comme
expert nommé par le pape François, analyse le texte adopté par les
représentants des épiscopats du monde entier samedi
24 octobre, à Rome.
Quels sont les traits principaux de ce texte ?
C’est un texte héritier de Vatican II. Il a une volonté
d’ouverture, mais aussi de s’inscrire dans une continuité. Il rappelle les
enseignements de Paul VI, de Jean-Paul II, de Benoît XVI.
En quoi réside l’ouverture ?
Un grand renouveau de la pastorale des familles. L’instrumentum
laboris [le texte de départ du synode] était très négatif. Dans le nouveau
texte on regarde ce qui, dans la société et dans les familles, est
encourageant.
J’y trouve aussi énormément d’ouvertures théologiques. Des
portes sont ouvertes un peu partout au long du texte. Il appelle la créativité
des théologiens, des communautés chrétiennes, des pasteurs. On voit se déployer un texte à la fois unifié et divers. Il admet
de la diversité en son sein.
La prise en compte de cette diversité interne à l’Eglise
n’est-elle pas une des nouveautés de ce synode ?
Absolument. Et c’est le fruit d’une méthode. C’est un texte qui
est divers car il y a des cultures diverses. Dans l’intégration des
amendements, on a essayé de suivre une ligne fondamentale : tenir celle que manifestement le pape souhaite, et en même
temps prendre en compte l’étendue de la diversité pour ne
pas heurter. Ouvrir et faire en sorte que tout le monde s’y retrouve. C’est une voie médiane.
C’est cette ligne médiane qui a été retenue pour les divorcés
remariés ?
Oui. Certains attendaient plus, d’autres moins. Par exemple un
amendement demandait que l’on dise clairement qu’un chemin de conversion
pouvait aboutir à l’eucharistie. On a fait le choix de ne pas le retenir.
Les changements dans l’église se font dans le respect de ce qui
vient avant. Il y a une référence très nette à l’enseignement de Jean-Paul II.
Il ne faut pas oublier que c’est lui qui, en 1980, dans son
exhortation apostolique Familiaris consortio, fait un changement considérable en
disant que les divorcés remariés sont membres à part entière de l’Eglise. Et
c’est sur cela, qui a été une nouveauté, que l’on s’appuie aujourd’hui. Mais on
va plus loin dans l’intégration. On s’appuie aussi sur les critères qu’il avait
énoncés pour que les prêtres puissent exercer leur « discernement » en
fonction des situations concrètes : ceux qui se sont « efforcés de sauver le premier mariage », « ont été
abandonnés injustement », ceux qui « se sont remariés en vue
de l’éducation des enfants ». Le texte s’appuie sur un socle. S’il ne
l’avait pas fait, on aurait été accusés de trahir Jean Paul II. Ce n’est pas le cas.
Propos recueillis par Cécile Chambaud
Source : Le Monde du 25 octobre
Sous le signe du discernement et de la tendresse
Le Synode des évêques s’achève dans
un climat d'espoir : après un premier synode en 2014 qui avait divisé
l’assemblée, les participants repartiront avec le sentiment du devoir accompli,
malgré la délicatesse et la complexité de la tâche qui leur avait été demandée.
La commission chargée du rapport final est parvenue à élaborer un texte
susceptible de satisfaire la majorité des pères du Synode. L'ensemble des 94
articles a été adopté ce samedi en fin d'après-midi avec la majorité qualifiée
requise. Le document est fidèle à la doctrine mais bienveillant à l’égard de
toutes les familles sans exclusion, et se situe pleinement dans l’esprit du
pontificat du Pape François.
Le rapport final n’offre pas de solutions
toutes faites, mais il propose des pistes de réflexion et d’action, sous le
signe de l’accompagnement et du discernement pastoral, de l’accueil et de la
tendresse, sans toucher à la doctrine sur l’indissolubilité du mariage.
Attentif aux familles blessées ou en situation irrégulière, le texte ne manque
pas de remercier chaleureusement les nombreuses familles chrétiennes qui
répondent à leur vocation et mission, y compris lorsqu’elles sont confrontées à
des obstacles, des incompréhensions et des souffrances. Malgré les différences
et les diversités qui n’ont pas manqué de s’exprimer pendant ces trois semaines
de travaux, les pères du Synode ont cheminé ensemble, soutenus par la tendresse
et la prière de toute l’Église. Ils ont remis le fruit de leur travail au
Saint-Père en lui demandant d’écrire un nouveau document sur la famille.
Un texte qui se penche sur la vie réelle des familles
En 94 points et une cinquantaine de pages, le rapport aborde les
situations les plus diverses : les mariages mixtes, ou avec disparité de
culte, la liberté religieuse, l’éducation des enfants, l’influence des médias,
l’importance des écoles catholiques, la protection de la vie à toutes ses
étapes, l’avortement, l’euthanasie et la peine de mort, l’adoption, la théorie
du genre, la formation des prêtres, la préparation au mariage, l’importance du
langage, les migrants, les chrétiens persécutés, les personnes âgées, la
pauvreté et l’exclusion sociale, les conflits et les tensions sociales…..
De manière générale, l’Église est invitée à adopter une attitude
« sagement différenciée ». Les pasteurs sont encouragés à
identifier les éléments pouvant favoriser l’évangélisation et la croissance
humaine et spirituelle de tous leurs fidèles et à déceler les éléments positifs
dans les situations qui ne correspondent pas encore ou qui ne correspondent
plus au message évangélique. Toutes les situations doivent être abordées de
manière constructive en essayant de les transformer en opportunités de
conversion vers la plénitude du mariage et de la famille à la lumière de
l’Évangile.
En ce qui concerne, en particulier, la question sensible des
divorcés-remariés, le rapport propose une voie de sortie, celle du « for
interne ». Avec l’aide d’un prêtre, les fidèles sont invités à prendre
conscience de leur situation devant Dieu et à suivre un parcours de
discernement. S’appuyant sur l’exhortation de Jean Paul II Familiaris
Consortio, le texte souligne en effet que les situations sont très
différentes entre elles. Les divorcés remariés doivent être davantage intégrés
dans les communautés chrétiennes en évitant tout motif de scandale. Leur
participation peut s’exprimer dans différents services ecclésiaux : il
faut donc discerner les formes d’exclusion actuellement pratiquées dans le domaine
liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, qui pourront être surmontées.
Cette intégration est nécessaire également pour l’éducation chrétienne des
enfants. Pour la communauté chrétienne, prendre soin de ces personnes n’est pas
un affaiblissement de sa foi et de son témoignage quant à l’indissolubilité du
mariage.
Bien entendu, les nombreux fidèles qui ont fait l’expérience
d’un échec conjugal seront invités à vérifier la validité de leur mariage. A
propos justement des procès en nullité, à la lumière du récent Motu proprio du
Pape François, le texte plaide en faveur de la formation de personnes
compétentes, clercs et laïcs, qui se consacreraient en priorité à ce service
ecclésial
Une invitation à défendre la vie
Le texte encourage les politiques chrétiens à s’engager en
faveur de la promotion et de la défense de la vie et de la famille, de la
liberté religieuse et du droit à l’objection de conscience. Il rejette de toute
ses forces les interventions coercitives des États en faveur de la contraception,
de la stérilisation et de l’avortement, et encourage la redécouverte de
l’encyclique Humanae vitae du pape Paul VI, et le contrôle naturel des
naissances.
Tout en encourageant la rencontre avec les cultures, il souligne
que les chrétiens ne peuvent se soustraire au devoir de dénoncer les
conditionnements culturels, sociaux, politiques et économiques.
En ce qui concerne les familles ayant parmi leurs membres des
personnes à tendance homosexuelle, l’Église réaffirme que toute personne doit
être respectée dans sa dignité. En revanche, elle se prononce résolument contre
le mariage entre personnes de même sexe. Les pères du Synode jugent
inacceptable que les Églises locales subissent des pressions dans ce domaine et
que des organisations internationales conditionnent leur aide financière aux
pays pauvres à l’introduction de lois instituant le mariage entre personnes de
même sexe.
Romilda Ferrauto
Source : Radio Vatican du 24 octobre