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mercredi 9 décembre 2015

"Situation de l'Eglise en Chine aujourd'hui" une soirée animée par Stéphane Lévêque et soeur Claire-Marie


Stéphane Lévêque, professeur de Chinois
et traducteur de romans chinois,
présente les grandes lignes
de la situation politique et sociale de la Chine

Soeur Claire-Marie vit depuis 13 ans à Hong-Kong
et séjourne régulièrement en Chine,
elle nous donne son témoignage.




Histoire du catholicisme en Chine jusqu'à l'avènement de la République populaire

Premières traces

Les plus anciennes traces de christianisme dans la civilisation chinoise est la présence de chrétiens nestoriens du VII ème siècle, attestée par une stèle retrouvée en 1625 à Chang'an (XI’an), dite la « stèle nestorienne ». Une première mission franciscaine avec Jean de Montecorvino est présente en Chine entre le XIIIe siècle et le XVe siècle, durant la dynastie mongole des Yuan. Ceux-là ont dû partir lorsque la dynastie a été renversée. Le christianisme prêché alors ne se préoccupait pas de questions d'inculturation.

Mission jésuite en Chine[

Saint François Xavier fut à l'origine de la première mission jésuite vers la Chine en 1552. Il mourut cependant cette année-là sur l'île de Sancian, sans avoir atteint le continent. En 1582, la Compagnie de Jésus tenta de nouveau de gagner la Chine, avec succès cette fois. Elle introduisit la science à l'occidentale, les mathématiques et l'astronomie. En 1601, l'un des jésuites installés en Asie, Matteo Ricci, se rendit à Pékin. Les jésuites entreprirent une évangélisation par le haut en s’intégrant au groupe des lettrés. Ils y obtinrent des conversions, mais donnèrent l’impression d’avoir des objectifs cachés, et le christianisme fut bientôt déclaré « secte dangereuse ». La Querelle des Rites leur porta le coup de grâce ; en 1773, le pape ordonna la clôture de leurs missions.


Les missions catholiques reprirent au XIXe siècle avec les Lazaristes notamment Jean-Gabriel Perboyre mais aussi les jésuites5, et surtout après la première guerre de l'opium, dans les zones côtières. Le chef de la révolte des Taiping s’inspira partiellement des enseignements des missionnaires pour construire l'idélogie de son mouvement.

De 1900 à 1949


Jusqu'à l'avènement de la République populaire de Chine, de nombreux échanges culturels sino-occidentaux se firent par l'intermédiaire des missions chrétiennes, qui fondèrent des institutions éducatives. Ainsi on estime qu’il y avait, avant 1949, une douzaine de missions de plus de dix pays6. Parmi les cent trente-sept diocèses dans le pays, seules vingt-neuf étaient gérés par des évêques chinois. Le pays comptait alors trois millions de pratiquants.

La République populaire de Chine et les associations patriotiques

1949-1957

Lors de l’avènement de la République populaire de Chine les relations changèrent de nouveau et le gouvernement communiste qui considérait la religion comme « opium du peuple » va très vite s’organiser, en même temps que la Révolution culturelle, afin de limiter toute relation entre les catholiques et le Saint-Siège. Ainsi dans les années 1950, un certain nombre de catholiques chinois sont soutenus par le gouvernement afin de lancer un mouvement patriotique, souhaitant que les Églises catholiques chinoises soient gérées par les croyants chinois eux-mêmes, en dehors de la tutelle du Vatican. La Chine a fondé en 1957 à Pékin une association nationale, l'Association catholique patriotique de Chine. Les religions sont ainsi vivement opprimées, et on peut observer une dissension au sein du catholicisme de Chine entre ceux qui obéissent à Rome et ceux qui obéissent à l’Église patriotique. Ainsi selon les autorités chinoises, l'indépendance du christianisme chinois a été jalousement préservée contre toute ingérence étrangère (expression qualifiant Rome). L'article 36 de la Constitution de la République populaire de Chine met en garde les religions contre la soumission à toute « domination étrangère ». Ceci vise les catholiques et leur allégeance au pape.

1978-2000

La politique d'ouverture et de modernisation inaugurée par Deng Xiaoping au troisième plénum du XIe Congrès du Parti en décembre 1978 a permis un changement important dans la vision des religions. Ainsi cinq religions ont été officiellement reconnues : le bouddhisme, l'islam, le taoïsme, le protestantisme et le catholicisme, car elles sont fondées sur des Écritures canoniques et enseignent une discipline morale. Les croyants ont ainsi été invités à participer à la modernisation de la Chine. Cependant là encore cette ouverture ne doit se faire que dans le cadre d’« associations patriotiques », qui ne sont pas gérées et organisées par l’État mais sous un très large contrôle, toute critique de la politique ou du régime étant très sévèrement sanctionnée. De plus l’Association patriotique catholique chinoise a dû désavouer officiellement le pape.


Les relations restent très tendues entre le régime chinois et le pape, cependant Benoît XVI, dans une lettre de mai 2007, demande ainsi l’unité des catholiques de Chine7, ne reconnaissant pas la division entre les « deux Églises de Chine », l’une patriotique, l’autre clandestine. On peut cependant constater que cette lettre a été censurée en Chine par le gouvernement8. On estime en 2007 qu'il y a entre douze et quatorze millions de catholiques en Chine, cette estimation n'étant pas exacte du fait de la non prise en compte des catholiques dit « clandestins », de l'augmentation de la population chinoise, mais aussi du contrôle du gouvernement chinois.

De 2006 à 2010, on observe une forme d'apaisement relatif, tous les nouveaux évêques sont consacrés avec la double approbation des autorités chinoises et du Saint-Siège. Parallèlement, des évêques qui avaient été consacrés sans l’accord du pape reconnaissent son autorité et obtiennent son approbation. Le schisme semble sur le point de se résorber10. Mais la situation se détériore à nouveau à partir de 2010, l'Association patriotique des catholiques chinois commençant à mettre à exécution sa menace d'effectuer une dizaine d'ordinations illicites d'évêques. Une première ordination a lieu en novembre 2010, une seconde prévue en juin 2011 est temporairement reportée grâce à la pression des fidèles et aux protestations du secrétaire de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, le Chinois Savio Hon Taifai. Elle a finalement lieu et est suivie d'autres, provoquant une réponse musclée du Vatican, qui rappelle que de telles ordinations entraînent une peine automatique d'excommunication (latae sententiae) pour les nouveaux consacrés, et pour les consécrateurs s'ils n'ont pas agi sous la contrainte. 
Après cette période de réchauffement, l'Église catholique chinoise fait de nouveau face à des mesures de rétorsion de la part du régime. Désigné en 2012 à la suite d'un compromis entre l'« Église officielle » et l'« Église souterraine », Thaddeus Ma Daqin devient évêque. Il annonce néanmoins rapidement son retrait de l'Association patriotique, organe permettant au Parti communiste de contrôler les catholiques. Il est par la suite arrêté, le séminaire où il travaillait, fermé, puis envoyé à Shanghaï suivre des cours de socialisme, un « lavage de cerveau » explique l'un de ses amis.



Source : Wikipédia