Stéphane Lévêque, professeur de Chinois et traducteur de romans chinois, présente les grandes lignes de la situation politique et sociale de la Chine |
Soeur Claire-Marie vit depuis 13 ans à Hong-Kong et séjourne régulièrement en Chine, elle nous donne son témoignage. |
Histoire du catholicisme en Chine jusqu'à l'avènement de la République populaire
Premières traces
Les plus anciennes traces de christianisme dans la civilisation
chinoise est la présence de chrétiens nestoriens du VII ème siècle, attestée
par une stèle retrouvée en 1625 à Chang'an (XI’an), dite la « stèle
nestorienne ». Une première mission franciscaine avec Jean de Montecorvino
est présente en Chine entre le XIIIe siècle et le XVe siècle, durant la dynastie mongole
des Yuan. Ceux-là ont dû partir lorsque
la dynastie a été renversée. Le christianisme prêché alors ne se préoccupait
pas de questions d'inculturation.
Mission jésuite en Chine[
Saint François Xavier fut à l'origine de la première mission
jésuite vers la Chine en 1552. Il mourut cependant cette année-là sur l'île de Sancian,
sans avoir atteint le continent. En 1582, la Compagnie de Jésus tenta de nouveau de gagner la Chine, avec
succès cette fois. Elle introduisit la science
à l'occidentale, les mathématiques et l'astronomie.
En 1601,
l'un des jésuites installés en Asie, Matteo Ricci, se rendit à Pékin.
Les jésuites entreprirent une évangélisation par le haut en s’intégrant au groupe des
lettrés. Ils y obtinrent des conversions, mais donnèrent l’impression d’avoir des objectifs
cachés, et le christianisme fut bientôt déclaré « secte dangereuse ».
La Querelle des Rites leur porta le coup de grâce ; en 1773, le pape ordonna la
clôture de leurs missions.
XIXe siècle
Les missions catholiques reprirent au XIXe siècle avec
les Lazaristes
notamment Jean-Gabriel Perboyre mais aussi les jésuites5, et surtout après la première guerre de l'opium, dans les zones côtières. Le chef
de la révolte des Taiping s’inspira partiellement des enseignements
des missionnaires pour construire l'idélogie de son mouvement.
De 1900 à 1949
Jusqu'à l'avènement de la République populaire de Chine, de nombreux échanges culturels
sino-occidentaux se firent par l'intermédiaire des missions chrétiennes, qui
fondèrent des institutions éducatives. Ainsi on estime qu’il y avait, avant
1949, une douzaine de missions de plus de dix pays6. Parmi les cent trente-sept diocèses
dans le pays, seules vingt-neuf étaient gérés par des évêques
chinois. Le pays comptait alors trois millions de pratiquants.
La République populaire de Chine et les
associations patriotiques
1949-1957
Lors de l’avènement de la République populaire de Chine les relations changèrent de
nouveau et le gouvernement communiste qui considérait la religion comme
« opium du peuple » va très vite s’organiser, en même temps que la Révolution culturelle, afin de limiter toute relation entre
les catholiques et le Saint-Siège. Ainsi dans les années 1950,
un certain nombre de catholiques chinois sont soutenus par le gouvernement afin
de lancer un mouvement patriotique, souhaitant que les Églises catholiques
chinoises soient gérées par les croyants chinois eux-mêmes, en dehors de la
tutelle du Vatican. La Chine a fondé en 1957 à Pékin
une association nationale, l'Association catholique patriotique de Chine. Les
religions sont ainsi vivement opprimées, et on peut observer une dissension au
sein du catholicisme de Chine entre ceux qui obéissent à Rome et ceux qui
obéissent à l’Église patriotique. Ainsi selon les autorités chinoises,
l'indépendance du christianisme chinois a été jalousement préservée contre
toute ingérence étrangère (expression qualifiant Rome). L'article 36 de la Constitution de la République populaire de Chine met en garde les religions
contre la soumission à toute « domination étrangère ». Ceci vise les
catholiques et leur allégeance au pape.
1978-2000
La politique d'ouverture et de modernisation
inaugurée par Deng Xiaoping au troisième plénum du XIe
Congrès du Parti en décembre 1978 a permis un changement important dans la vision des
religions. Ainsi cinq religions ont été officiellement reconnues : le bouddhisme,
l'islam,
le taoïsme,
le protestantisme et le catholicisme,
car elles sont fondées sur des Écritures canoniques et enseignent une
discipline morale. Les croyants ont ainsi été invités à participer à la
modernisation de la Chine. Cependant là encore cette ouverture ne doit se faire
que dans le cadre d’« associations patriotiques », qui ne sont pas
gérées et organisées par l’État mais sous un très large contrôle, toute
critique de la politique ou du régime étant très sévèrement sanctionnée. De
plus l’Association patriotique catholique chinoise a dû désavouer
officiellement le pape.
Les relations restent très tendues entre le
régime chinois et le pape, cependant Benoît XVI,
dans une lettre de mai 2007, demande ainsi l’unité des catholiques de Chine7, ne reconnaissant pas la division entre les « deux Églises de
Chine », l’une patriotique, l’autre clandestine. On peut cependant
constater que cette lettre a été censurée en Chine par le gouvernement8. On estime en 2007 qu'il y a entre douze et quatorze millions de
catholiques en Chine, cette estimation n'étant pas exacte du fait de la non
prise en compte des catholiques dit « clandestins », de
l'augmentation de la population chinoise, mais aussi du contrôle du
gouvernement chinois.
De 2006 à 2010, on observe une forme
d'apaisement relatif, tous les nouveaux évêques sont consacrés avec la double
approbation des autorités chinoises et du Saint-Siège. Parallèlement, des
évêques qui avaient été consacrés sans l’accord du pape reconnaissent son
autorité et obtiennent son approbation. Le schisme semble sur le point de se
résorber10. Mais la situation se détériore à nouveau à partir de
2010, l'Association patriotique des catholiques chinois commençant à mettre à
exécution sa menace d'effectuer une dizaine d'ordinations illicites d'évêques.
Une première ordination a lieu en novembre 2010, une seconde prévue en juin
2011 est temporairement reportée grâce à la pression des fidèles et aux
protestations du secrétaire de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, le Chinois Savio Hon Taifai. Elle a finalement lieu et est
suivie d'autres, provoquant une réponse musclée du Vatican, qui rappelle que de
telles ordinations entraînent une peine automatique d'excommunication
(latae sententiae) pour les nouveaux consacrés, et pour les
consécrateurs s'ils n'ont pas agi sous la contrainte.
Après cette période de réchauffement, l'Église catholique chinoise fait de nouveau face à des mesures de rétorsion de la part du régime. Désigné en 2012 à la suite d'un compromis entre l'« Église officielle » et l'« Église souterraine », Thaddeus Ma Daqin devient évêque. Il annonce néanmoins rapidement son retrait de l'Association patriotique, organe permettant au Parti communiste de contrôler les catholiques. Il est par la suite arrêté, le séminaire où il travaillait, fermé, puis envoyé à Shanghaï suivre des cours de socialisme, un « lavage de cerveau » explique l'un de ses amis.
Après cette période de réchauffement, l'Église catholique chinoise fait de nouveau face à des mesures de rétorsion de la part du régime. Désigné en 2012 à la suite d'un compromis entre l'« Église officielle » et l'« Église souterraine », Thaddeus Ma Daqin devient évêque. Il annonce néanmoins rapidement son retrait de l'Association patriotique, organe permettant au Parti communiste de contrôler les catholiques. Il est par la suite arrêté, le séminaire où il travaillait, fermé, puis envoyé à Shanghaï suivre des cours de socialisme, un « lavage de cerveau » explique l'un de ses amis.
Source : Wikipédia