samedi 19 décembre 2015

Magnifique : Dans un centre pour sans-abris, le pape a ouvert une porte sainte


Pour le Jubilé de la miséricorde, l’évêque de Rome a ouvert une troisième porte sainte, celle d’un centre d’hébergement pour sans-abris tenu par la Caritas, vendredi 18 décembre.


Le pape François ouvre une Porte sainte du jubilé de la miséricorde dans un centre d’accueil de personnes démunies de la Caritas, près de la gare Termini, à Rome, vendredi 18 décembre 2015.


Il a ensuite célébré la messe, exhortant les Romains à choisir la « voie de l’humilité » indiquée par le Christ.

Elle n’a pas la magnificence des œuvres sculptées, comme à la basilique Saint-Pierre, cette porte vitrée moderne à double battant. Qu’importe pour le pape François qui, vendredi 18 décembre, a fait de cette entrée d’un centre d’hébergement pour sans-abris près de la gare Termini, à Rome, une nouvelle « porte sainte » du jubilé.

Après la basilique vaticane et celle de saint Jean de Latran, c’est la troisième mais la plus singulière porte jubilaire qu’ouvre le pape dans sa ville. Pas celle d’une église mais d’un réfectoire, où 200 personnes de tous âges, accueillies dans ce centre « Don Luigi di Liegro » tenu par la Caritas, l’attendent à l’intérieur, sur des chaises en plastique vert, pour la messe.

Avec de simples vêtements liturgiques aux couleurs de l’Avent, le pape a célébré, comme le ferait tout prêtre, une eucharistie accompagnée par quatre guitaristes. Avec des chants où l’on tape des mains, ponctués parfois de cris d’enfants portés sur l’épaule.

Entre les murs blancs, des personnes en chaise roulante occupent le premier rang. Pendant la messe sous les néons, les visages, aux traits souvent marqués par les épreuves de la vie, sont très attentifs. Plus graves que souriants.

DISCRÉTION ET HUMILITÉ

Jorge Bergoglio parfois tousse et se mouche mais se montre très à l’aise dans ce lieu, qui incarne tout le sens de son jubilé et du temps de l’Avent. « Dieu n’a pas choisi une grande ville, un grand empire, avec une comtesse, une princesse comme mère », fait-il valoir dans une brève homélie improvisée. « Il semble que tout a été fait intentionnellement, de manière presque cachée, dans une périphérie de l’empire romain », poursuit-il, invitant les Romains à suivre cette « voie de l’humilité », seule valable « pour le salut ».

« Si tu veux trouver Jésus, cherche-le dans l’humilité, dans la pauvreté, chez les affamés, les détenus », résume-t-il comme pour indiquer les œuvres à accomplir durant ce jubilé. Dans le même sens, la phrase inscrite au-dessus de la nouvelle porte sainte – « C’est à moi que vous l’avez fait » – fait écho à la parole évangélique.

Comme il ne cesse de le répéter depuis ce jubilé officiellement lancé le 8 décembre dernier, le pape rappelle que Dieu jugera la vie de chacun à ce qu’il aura accompli pour les plus nécessiteux et non au regard de ses titres et honneurs, dans un pays où ceux-ci sont très valorisés…

ROMERO, DAMIEN DE MOLOKAI ET MÈRE TERESA

C’est ainsi d’abord en évêque de Rome que Jorge Bergoglio s’adresse, au-delà de l’assistance, à tous les habitants de la ville afin qu’ils « ouvrent leur cœur ». Le dévouement des hautes figures invoquées, durant la litanie précédant l’ouverture de ce que le pape nomme aussi « porte de la charité », vient à l’appui de cet appel à pratiquer davantage cette vertu : Damien de Molokai, saint belge qui soigna les lépreux à Hawaï, le bienheureux Mgr Oscar Romero, béatifié au Salvador le 23 mai dernier, et la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, dont le pape a autorisé la veille le décret reconnaissant un miracle qui ouvre la voie à sa canonisation – probablement durant le jubilé.

« Auguri ! », lancent affectueusement les fidèles en guise d’heureux anniversaire au pape, qui vient d’avoir 79 ans le 17 décembre, lorsqu’il s’approche pour les saluer un moment après l’office. Comme à son habitude, il serre les mains tendues, prend des lettres et se laisse prendre en photo.

« Priez pour moi et je prie pour vous », propose-t-il au final, avant de regagner le Vatican à l’arrière de son habituelle Ford Focus bleue. Le jubilé, pendant lequel il veut que chacun accomplisse des œuvres de miséricorde, est désormais lancé.

Sébastien Maillard (à Rome)

Source : Journal "La Croix" du 18 décembre