Pour le Jubilé de la miséricorde, l’évêque de Rome a ouvert une
troisième porte sainte, celle d’un centre d’hébergement pour sans-abris tenu par
la Caritas, vendredi 18 décembre.
Le pape François ouvre une Porte sainte du jubilé de la miséricorde dans un centre d’accueil de personnes démunies de la Caritas, près de la gare Termini, à Rome, vendredi 18 décembre 2015.
Le pape François ouvre une Porte sainte du jubilé de la miséricorde dans un centre d’accueil de personnes démunies de la Caritas, près de la gare Termini, à Rome, vendredi 18 décembre 2015.
Il a ensuite célébré la messe, exhortant les Romains à choisir
la « voie de l’humilité » indiquée par le Christ.
Elle n’a pas la magnificence des œuvres sculptées, comme à la
basilique Saint-Pierre, cette porte vitrée moderne à double battant. Qu’importe
pour le pape François qui, vendredi 18 décembre, a fait de cette entrée
d’un centre d’hébergement pour sans-abris près de la gare Termini, à Rome, une
nouvelle « porte sainte » du jubilé.
Après la basilique vaticane et celle de saint Jean de Latran,
c’est la troisième mais la plus singulière porte jubilaire qu’ouvre le pape
dans sa ville. Pas celle d’une église mais d’un réfectoire, où 200 personnes de
tous âges, accueillies dans ce centre « Don Luigi di Liegro » tenu
par la Caritas, l’attendent à l’intérieur, sur des chaises en plastique vert,
pour la messe.
Avec de simples vêtements liturgiques aux couleurs de l’Avent,
le pape a célébré, comme le ferait tout prêtre, une eucharistie accompagnée par
quatre guitaristes. Avec des chants où l’on tape des mains, ponctués parfois de
cris d’enfants portés sur l’épaule.
Entre les murs blancs, des personnes en chaise roulante occupent
le premier rang. Pendant la messe sous les néons, les visages, aux traits
souvent marqués par les épreuves de la vie, sont très attentifs. Plus graves
que souriants.
DISCRÉTION ET HUMILITÉ
Jorge Bergoglio parfois tousse et se mouche mais se montre très
à l’aise dans ce lieu, qui incarne tout le sens de son jubilé et du temps de
l’Avent. « Dieu n’a pas choisi une grande ville, un grand empire, avec
une comtesse, une princesse comme mère », fait-il valoir dans une
brève homélie improvisée. « Il semble que tout a été fait
intentionnellement, de manière presque cachée, dans une périphérie de l’empire
romain », poursuit-il, invitant les Romains à suivre cette « voie
de l’humilité », seule valable « pour le salut ».
« Si tu veux trouver Jésus, cherche-le dans l’humilité,
dans la pauvreté, chez les affamés, les détenus », résume-t-il comme
pour indiquer les œuvres à accomplir durant ce jubilé. Dans le même sens, la
phrase inscrite au-dessus de la nouvelle porte sainte – « C’est à moi que
vous l’avez fait » – fait écho à la parole évangélique.
Comme il ne cesse de le répéter depuis ce jubilé officiellement
lancé le 8 décembre dernier, le pape rappelle que Dieu jugera la vie de
chacun à ce qu’il aura accompli pour les plus nécessiteux et non au regard de
ses titres et honneurs, dans un pays où ceux-ci sont très valorisés…
ROMERO, DAMIEN DE MOLOKAI ET MÈRE TERESA
C’est ainsi d’abord en évêque de Rome que Jorge Bergoglio
s’adresse, au-delà de l’assistance, à tous les habitants de la ville afin
qu’ils « ouvrent leur cœur ». Le dévouement des hautes figures
invoquées, durant la litanie précédant l’ouverture de ce que le pape nomme
aussi « porte de la charité », vient à l’appui de cet appel à
pratiquer davantage cette vertu : Damien de Molokai, saint belge qui soigna les
lépreux à Hawaï, le bienheureux Mgr Oscar Romero, béatifié au Salvador le
23 mai dernier, et la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, dont le pape a
autorisé la veille le décret reconnaissant un miracle qui ouvre la voie à sa
canonisation – probablement durant le jubilé.
« Auguri ! », lancent affectueusement les fidèles en guise
d’heureux anniversaire au pape, qui vient d’avoir 79 ans le
17 décembre, lorsqu’il s’approche pour les saluer un moment après
l’office. Comme à son habitude, il serre les mains tendues, prend des lettres
et se laisse prendre en photo.
« Priez pour moi et je prie pour vous », propose-t-il au
final, avant de regagner le Vatican à l’arrière de son habituelle Ford Focus
bleue. Le jubilé, pendant lequel il veut que chacun accomplisse des œuvres de
miséricorde, est désormais lancé.
Sébastien Maillard (à Rome)
Source : Journal "La Croix" du 18 décembre