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Notre fraternité est composée de 25 personnes : 18 laïcs et 4 prêtres, Trinitaires de Béthanie ou membres associés et 3 Religieuses Trinitaires de Valence. Fondée en 2010, les membres de la fraternité ont vocation à assurer une présence priante et aimante là où ils vivent. La fraternité est aujourd'hui présente dans le diocèse d'Angoulême et en Champagne/Ardennes.

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jeudi 4 juillet 2013

Temps de prière et de partage, cinq mois après le décés dans le Nord de Myriam Carbon


(Photo Philippe Messelet)


Une messe était dite, hier, à l'église Saint-Martial, en hommage à la SDF Myriam Carbon. Le père Trinez veut rapprocher les gens de la rue du reste de la population. Deux mondes qui s'évitent.

(photo Quentin Petit)


Midi, hier, à l'église Saint-Martial d'Angoulême. Le père Denis Trinez accueille les fidèles. Une quarantaine de personnes sont venues rendre hommage à Myriam Cambon. L'ancienne SDF du squat des remparts d'Angoulême est décédée en février dans le Nord, tandis que son compagnon, Jean-François Jugant, a disparu sans laisser d'adresse. Les paroissiens sont venus rendre hommage à cette marginale bien connue des habitués du marché des Halles. "Je la voyais souvent. Elle était originaire de Roubaix, comme moi. C'était une femme très gentille. Je la considérais un peu comme ma fille", explique Claire, qui aimait discuter avec elle sur les marches de l'église.

Face à l'autel, on retrouve également quelques marginaux. Ils ont répondu à l'invitation du père Denis Trinez qui a souhaité donner la parole aux gens de la rue. Hésitant, visiblement ému, Jérôme accepte de prendre la parole. "Myriam était une femme adorable. Elle avait le coeur sur la main. Elle était toujours prête à aider les autres, à donner le peu qu'elle avait", raconte l'ancien SDF, qui a récemment emménagé dans un appartement.

"Elle est partie dans l'indifférence"

Pas croyant pour un sou, Nico a également accepté de franchir le seuil de l'église pour saluer celle qu'il surnommait affectueusement "mamie". "J'aimerais dire qu'elle a eu une belle fin de vie mais c'est faux. Elle est partie dans la douleur, la souffrance et l'indifférence. Elle a été trimbalée de squats pourris en porcheries. Les gens ont profité d'elle. Elle n'a pas eu la vie qu'elle méritait", a témoigné le jeune homme en laissant échapper quelques sanglots. Avant de terminer sur une note plus positive. "Mamie a toujours gardé la gnac et le sourire. Elle nous a appris à relativiser pas mal de choses".

Grâce au souvenir de Myriam, le père Trinez espère "créer des ponts" entre les fidèles et les gens de la rue. "C'était une femme qui créait du lien. Sa personnalité touchait les gens. Il faut peut-être des circonstances comme celles-là pour rompre les barrières entre deux mondes qui n'ont pas l'habitude de se parler", explique le prêtre responsable de la Fraternité trinitaire d'Angoulême. Le défi est immense. Si une dizaine de SDF ont participé à la cérémonie, seuls deux d'entre eux ont accepté de partager le déjeuner avec les paroissiens.

Beaucoup de marginaux ne croient pas en Dieu. Lors de la célébration, Nico ne masquait pas le fossé qui existe entre les gens de la rue et le reste de la population. "Myriam n'aurait pas aimé qu'on se rassemble dans un lieu froid à chanter des psaumes. Elle aurait préféré qu'on garde le sourire et qu'on partage un verre à sa santé." La SDF du squat des remparts était pourtant croyante. C'est, en tout cas, ce qu'assure le père Trinez. "Je lui avais fait remarquer qu'elle avait le même prénom que la mère de Jésus, Marie, Myriam en hébreu. Elle était au courant et en était très fière."

Article "Charente Libre" du 5 juillet 2013
(photo Quentin Petit)