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Notre fraternité est composée de 25 personnes : 18 laïcs et 4 prêtres, Trinitaires de Béthanie ou membres associés et 3 Religieuses Trinitaires de Valence. Fondée en 2010, les membres de la fraternité ont vocation à assurer une présence priante et aimante là où ils vivent. La fraternité est aujourd'hui présente dans le diocèse d'Angoulême et en Champagne/Ardennes.

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mercredi 19 mars 2014

Dans le journal LA CROIX du 19 mars : "Le diocèse d'Angoulême engage un dialogue sur la famille"


Dans le diocèse d’Angoulême, la réflexion sur la famille se poursuit, dans la perspective du Synode qui se tiendra à Rome, en octobre. Samedi, une rencontre a permis des échanges, simples et confiants, entre des catholiques de divers horizons. Pour beaucoup, il s’agissait d’une première.




« Je suis surpris par la qualité des échanges, le respect mutuel qui dépassionne les débats, confiait Jahnny, un jeune homosexuel lors de la rencontre organisée samedi par la pastorale familiale du diocèse d’Angoulême. Quand on se rencontre, quand on s’écoute, on se comprend mieux. » « Cette journée est un don de Dieu », s’enthousiasmait de son côté Arlette, mère d’un fils homosexuel. « Cette rencontre était nécessaire, ajoutait un autre participant. Finalement, l’Église est le seul lieu où nous pouvons aborder simplement, respectueusement ces questions sensibles qui nous concernent tous, nous troublent, nous déstabilisent, nous font souffrir. »
Ces propos, partagés par les 70 personnes présentes à la maison diocésaine, définissent bien l’état d’esprit de cette journée destinée à poursuivre la réflexion engagée autour du questionnaire sur la famille, préa­la­ble au Synode qui se déroulera à Rome du 5 au 19 octobre. « Nous avons surtout voulu donner l’occasion à ceux qui le souhaitaient de parler de ces sujets, d’apporter leur témoignage, d’écouter les autres dire leurs difficultés ou leurs joies de croyants, leurs soucis et leurs espérances pour l’évangélisation des familles », précise Jean-Michel Hitier, responsable de la pastorale familiale.
DIVORCÉS-REMARIÉS ET HOMOSEXUALITÉ
Cinq ateliers étaient organisés. Dans celui consacré aux personnes divorcées, l’un des plus fréquentés, beaucoup – comme Françoise, mariée à une personne divorcée et longtemps « révoltée » par l’exclusion de l’eucharistie et du sacrement de réconciliation – ont confié que ces épreuves sont aussi « des moments de conversion et de croissance spirituelle », et plaidé pour une réflexion des communautés sur la pratique des sacrements.
 « L’eucharistie n’est pas un droit, mais une invitation à la conversion », a rappelé Martine Loloum, membre du bureau de la pastorale familiale et responsable de Chemins d’Espérance 16, qui rassemble des personnes divorcées, remariées ou non. « Pourquoi, lors de la procession de communion, seuls les divorcés remariés devraient-ils s’approcher les bras croisés sur la poitrine, pour recevoir une bénédiction, en restant interdits de communion », s’est de son côté interrogé Eddie Lepreux, diacre, lors d’échanges sur le jeûne eucharistique.
L’atelier consacré à la pastorale des personnes homosexuelles a de son côté permis à des parents d’enfants homosexuels et à de jeunes catholiques homosexuels, membres de groupes diocésains de parole, de témoigner, avec pudeur et sensibilité, de leur cheminement, mais aussi de leurs inquiétudes et de leurs attentes. « On est tous amenés à être témoins du Christ les uns pour et par les autres », constatait Stéphane, qui préfère se définir gay plutôt qu’homosexuel. « Il est temps que l’Église passe en première ligne, non pour fonder une pastorale spécifique, mais pour que ces personnes puissent vivre une vie chrétienne ordinaire et engagée et tenir leur place dans l’Église comme toute personne baptisée », a affirmé le P. Denis Trinez, responsable de la fraternité trinitaire d’Angoulême et accompagnateur spirituel des groupes de parole.
FORMATIONS ANTHROPOLOGIQUES
Lors de l’ouverture de la rencontre, Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, avait rappelé la priorité pastorale du pape François, telle qu’il l’a exprimée dans son interview aux revues jésuites : « Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église d’aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer les cœurs de fidèles. » Pour lui, deux exigences en découlaient : « tenir avant tout compte des personnes, avec ce que chacune a d’unique – son histoire, ses blessures, ses passions et ses pulsions – leur ouvrir des chemins et parcourir avec elles ces chemins, en ménageant des haltes de prière, d’écoute de la parole de Dieu, d’amitié réciproque, de repas partagés » ; mais aussi « se doter d’une pédagogie aussi commune que possible ». Les propositions qui ont émané de chacun des ateliers ont, au-delà des divergences d’opinion, reflété cette double préoccupation.
La nécessité de mettre en place des formations, notamment anthropologiques, y compris pour les prêtres, a été souvent évoquée, et reprise en plénière par le P. Hugues Paulze d’Ivoy, curé doyen de La Rochefoucauld, qui y voit un moyen de favoriser « une charité respectueuse ». L’importance du langage, « facteur d’enfermement », a également été soulignée à propos de mots comme « irrégulière » pour qualifier la situation des personnes divorcées remariées, « homosexuelle » pour définir une personne – « alors qu’on ne précise jamais : hétérosexuelle » – ou « nullité » du mariage qui signifie que « les enfants aussi sont nuls alors qu’ils sont bien là ! ». Enfin l’idée de « progression », de « gradualité dans l’exigence », de « patience nécessaire » est souvent revenue, à propos du retour des personnes divorcées remariées à la table eucharistique, ainsi que de la préparation au mariage et d’une formation sexuelle, affective et humaine plus adaptées. Au final, il était bel et bien question « d’un art de l’accompagnement » et d’apprendre « à ôter ses sandales devant la terre sacrée de l’autre » comme y invite le pape François.

Martine de Sauto