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Notre fraternité est composée de 25 personnes : 18 laïcs et 4 prêtres, Trinitaires de Béthanie ou membres associés et 3 Religieuses Trinitaires de Valence. Fondée en 2010, les membres de la fraternité ont vocation à assurer une présence priante et aimante là où ils vivent. La fraternité est aujourd'hui présente dans le diocèse d'Angoulême et en Champagne/Ardennes.

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dimanche 10 mai 2015

Message du ministre général de l'Ordre de la Très Sainte Trinité et des Captifs à l'occasion de la fête de la Trinité




Chers frères et sœurs,

Alors que je priais et réfléchissais sur le message à envoyer à la Famille Trinitaire pour la prochaine solennité de la Sainte Trinité, j’ai été inspiré par un passage de l'évangile de Luc (24, 13-35). Dans cette péricope, deux disciples de Jésus quittent Jérusalem après la mort de leur ami et maître et se rendent à un village non loin de là. Ils cheminaient abattus par la douleur, le chagrin et la confusion. «Jésus s’approcha d’eux et marcha avec eux» sur la route d’Emmaüs. Un moment difficile pour les deux disciples qui avaient placé leur espoir et leur foi en ce Jésus de Nazareth qui avait été arrêté, condamné, torturé et crucifié deux jours plus tôt. Après les récents événements qui ont provoqué la fin tragique de Jésus, ils ont été déçus, «et nous qui espérions qu’il libérerait Israël.. ».
A la dernière Cène, Jésus a donné à ses disciples un remède au doute: «Il prit le pain... le rompit, et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps... faites ceci en mémoire de moi» (Lc 22, 19).
Parfois, certain pourrait s’identifier à ces disciples tout particulièrement en ces heures de souffrances et de persécutions de l’Eglise, de défis pour la vie consacrée. Vue l’ampleur de leur déception, nous pourrions affirmer qu’ils fuyaient Jérusalem, lieu de la passion et de la crucifixion de Jésus. Cependant, tandis qu’il leur parlait sur la route, leurs «cœurs brûlaient» en eux!
L’apparition de Jésus, sa présence, ses mots et sa convivialité suscite en eux un sursaut qui change leur vie. Avec des cœurs ardents, ils retournent en hâte vers leurs frères de Jérusalem, à la communauté des Onze partager la bonne nouvelle de leur rencontre avec le Seigneur ressuscité! Leur joie retrouvée et leur espérance ravivée, ranime l’espérance et renouvelle la joie et l'enthousiasme des «Onze et ceux qui étaient avec eux... à leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route et comment il l’avait reconnu à la fraction du pain». Ce passage de l'Evangile est pertinent pour nous, qui cherchons à intensifier notre recherche et notre expérience du Dieu trinitaire et ainsi raviver notre vie personnelle et communautaire.
L’expérience des disciples d'Emmaüs et des Onze à Jérusalem éclaire notre vie trinitaire et communautaire comme membres d’une même famille. Jésus, la deuxième personne de la Sainte Trinité, est au centre des événements et le sujet de conversation de ce passage évangélique.
Mes chers frères, le Dieu trinitaire est au cœur de nos communautés, de nos familles et de nos fraternités. La marque ultime et la caractéristique de toute communauté chrétienne, de toute fraternité et de toute famille est la présence de Dieu en son sein. La place centrale de l’Eucharistie pour notre vie est évidente dans ce passage du fait que les disciples le reconnurent à la fraction du pain. C’est au cours de la "fraction du
pain" - l'Eucharistie - que notre Père et fondateur saint Jean de Matha a reçu son inspiration fondant ainsi notre famille religieuse. En cela, nous sommes invités à nous tourner vers le Seigneur eucharistique de manière à être renouvelés et renforcés dans notre vie chrétienne et trinitaire de consécration et de mission.
En apprenant que le pape François commence sa journée par une heure de prière silencieuse et d’adoration devant l’Eucharistie, je ne peux m’empêcher d’inviter et d’encourager tous les membres de notre Famille Trinitaire à commencer leur journée par un temps d’adoration devant le Saint-Sacrement. Certes il est facile de s’excuser en prétextant que nous sommes submergés de travail et que nous avons besoin d’un peu plus de repos, pourtant nous savons que le temps passé avec le Seigneur présent dans l'Eucharistie renforce nos liens avec la Trinité Sainte et avec nos frères, rendant ainsi plus efficace notre ministère et notre mission.
La scène des deux disciples d'Emmaüs et de Jésus à table pour le repas du soir et de la fraternité me rappelle l'institution de l’Eucharistie dans la salle haute (salle à manger). Je n’ai pas besoin de vous redire, chers frères, combien il est essentiel de nourrir notre vie fraternelle dans la communion de la table. Les membres de la famille et les amis partagent la même table, la même nourriture et la même boisson. Le repas commun favorise la conversation, le partage et le sentiment d'appartenance à la même famille et à la même communauté. Une table conviviale est non seulement nourrissante mais est un moment de détente, d’écoute et de partage, de sorte qu'on en sort renforcée à la fois physiquement et fraternellement.
Un autre aspect important de l’expérience d’Emmaüs est la communion et la communication entre les deux disciples. Ils quittent ensemble Jérusalem et y retournent, là ils y retrouvent les Onze réunis. Jérusalem est le lieu de la rencontre des disciples, des événements de la Pâque de Jésus, de l'institution de l'Eucharistie, de la réception de l'Esprit Saint, et de l’envoi en mission des disciples. Tous nos voyages personnels et apostoliques doivent commencer et se terminer là où le Seigneur nous attend. Une fois rejoint par Jésus, le voyage des disciples acquiert un sens nouveau, une couleur et une tonalité nouvelles. Accueillir Jésus dans nos communautés et lui permettre d’y demeurer sont essentiels pour notre cheminement de vie. L'écoute de Jésus parlant à nos cœurs supprimera en nous toute tristesse et tout découragement faisant place à un nouvel enthousiasme dans notre vie et mission.
Membres d’une même communauté nous devrions partager sur les événements de notre journée et nos expériences de foi comme on expose les aléas d’un voyage ou d’un pèlerinage. C’est dans ce partage profond avec le frère que notre vie deviendra plus joyeuse et plus lumineuse. Il n’est jamais trop tard pour enrichir notre vie en nous livrant toujours plus dans un partage de foi.
L'Eglise naissante de Jérusalem après avoir reçu le don de l'Esprit Saint à la Pentecôte, a dû composer avec une réalité multiculturelle. "Or il y avait demeurant à Jérusalem, des hommes dévots, de toutes les nations qui sont sous le ciel» (Ac 2, 5). Avec l'aide du Saint-Esprit, Pierre et ses compagnons, tous galiléens, ont pu témoigner à un auditoire multilingue et multiculturel. Ce fait me rappelle la réalité que nous vivons aujourd'hui au sein de notre Eglise et même de notre propre famille religieuse. Cette réalité est à la fois, pour nous tous, un grand don et un immense défi à relever. Nous devons, avec une grande ouverture d’esprit, nous préparer à accueillir des frères provenant d'autres horizons, d’autres cultures et parlant d’autres langues. Toutes les races et toutes les nations sont appelées à bénéficier et à annoncer le même Christ et le même Evangile.
De même, la grande diversité culturelle des membres de la famille trinitaire ayant hérité la même vocation et le même charisme est de plus en plus un fait. Dans le scénario actuel de rapides changements géographique et culturel qui se produisent au sein de l’Ordre et de la Famille, nous devrons toujours plus œuvrer à la communion et viser la collaboration. Dans l'échange de personnel comme dans le partage des ressources, seul le trinitaire fidèle et cohérent contribuera et apportera une aide. Toutefois chacun de nous porte des traits positifs et négatifs. Nous pouvons ainsi devenir soit des promoteurs de vie soit des porteurs de décadence et cela où que nous soyons. Il est donc impératif d’utiliser tous les moyens à notre disposition pour favoriser la qualité de notre consécration et de notre engagement, sinon, nous risquons de nous infecter les uns les autres par notre influence négative ou nos comportements médiocres. Dans nos efforts en vue de promouvoir une plus grande collaboration et communion entre les différentes juridictions, instituts et associations de la Famille, il est primordial de nous reconnaître avant tout Trinitaires, les origines nationales ou culturelles passant en second plan.
Découvrir la présence de Dieu dans les nombreuses circonstances ordinaires de la vie, continuer à lui faire confiance, même quand il semble absent, peut être difficile. Cependant, si nous lui permettons de nous rejoindre sur notre route, cherchant à intensifier notre amitié avec lui, en écoutant ce qu’il aura à dire à nos cœurs, nous éprouverons une joie et un enthousiasme renouvelés. Face aux épreuves et aux déceptions, nous ne pouvons fuir nos engagements. Une vie d’authentique communication et de communion avec nos frères, au-delà de nos différences, enrichira et améliorera notre vie trinitaire.
Comme Jésus se rend présent aux disciples sur le chemin d'Emmaüs, nous pourrions le rendre présent sur nos routes et nous pourrions mieux nous connaître les uns les autres et construire ainsi une authentique fraternité. Ce n’est que dans un climat de confiance, que nous pourrons partager nos expériences de vie, Evangile incarné, proclamé et témoigné.
Parfois, ce processus peut prendre du temps. Mais tôt ou tard, nous reconnaîtrons le moment venu. Comment pouvons-nous témoigner les uns aux autres l’œuvre de Dieu en nos vies ? Dans la prière, nous trouvons des points de convergence entre notre histoire et celle de nos frères. C’est dans la fraction du pain de nos vies que nous découvrirons ce que nous avons à partager et comment le faire.
Que le Seigneur nous accorde la grâce nécessaire pour cheminer ensemble et que nos cœurs restent ouverts à ses enseignements tout au long du chemin et partager l’amour qu’il met en nos cœurs.
Je vous souhaite une joyeuse fête de la Très Sainte Trinité!
Fraternellement

Rome, 11 mai 2015
Mémoire du bienheureux Dominique du Très Saint Sacrement


Fr. Jose Narlaly, O.SS.T.,

Ministre général