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Notre fraternité est composée de 25 personnes : 18 laïcs et 4 prêtres, Trinitaires de Béthanie ou membres associés et 3 Religieuses Trinitaires de Valence. Fondée en 2010, les membres de la fraternité ont vocation à assurer une présence priante et aimante là où ils vivent. La fraternité est aujourd'hui présente dans le diocèse d'Angoulême et en Champagne/Ardennes.

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jeudi 19 septembre 2019

Le Père Bernard-Marie Geffroy, Trinitaire, quitte la paroisse Saint-Leu rue Saint-Denis à Paris, où le frère Denis a été curé il y a 20 ans. Il va rejoindre la communauté Trinitaire de Faucon dans les Alpes. Voici son dernier éditorial pour la feuille paroissiale de Saint-Leu :


Pour mon dernier édito, je m'appuierai sur le texte choisi par les "captifs" pour la prière-rue du 19 septembre. Il s'agit de Mathieu 5, 14-16 :
"Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux."
Dans une parabole, il est bon de chercher ce qui est étonnant, un peu décalé. C'est vrai, une ville située sur une montagne ne peut être cachée ! N'est-ce pas une évidence ? Dans la parabole de la ville-lumière, deux phrases se suivent "vous êtes la lumière du monde" et "on ne cache pas une ville située sur la montagne". Quel est le lien entre ces deux phrases ? De quelle ville s'agit-il ? Dans la bible, la ville située sur la montagne, c'est Jérusalem. Un texte de l'Apocalypse décrit la Jérusalem céleste illuminée de la lumière de Dieu et descendant du Ciel. Cette image décrit l'espérance de l'accomplissement des promesses messianiques mais aussi ce lien mystérieux entre le Ciel et la terre dans notre histoire. C'est la foi qui voit la lumière céleste cachée au cœur de nos vies. C'est la foi qui m'a permis de faire un lien entre le Saint Leu terrestre et le Saint Leu « céleste ». Dieu y agit et a permis que beaucoup d'entre nous, puissions contempler la Jérusalem céleste au cœur même de nos réalités bien terrestres. Nos yeux de chair ont du mal à voir l'action de Dieu, dans certaines réalités de souffrance et de précarité de notre communauté. Dans ces réalités, brille une lumière, celle qui vient de l'invisible qu'il nous faut voir et faire grandir à Saint Leu. Saint Leu est fait pour la lumière, travaillée par la lumière, orientée vers la lumière. On se souvient de la boutade émise par un évêque lors d’une visite pastorale : "s'il fallait fermer Saint Leu ou Saint Ferdinand des Ternes, je fermerais Saint Ferdinand des Ternes." Bien sûr, ce n'est pas ce qu’il voulait faire, simplement il insistait sur la spécificité de Saint Leu, importante à ses yeux pour l'Eglise de Paris. Combien de personnes ont trouvé ici un nouvel élan ? Combien de personnes désespérées ont trouvé l’espérance ? Combien de personnes ont trouvé ou retrouvé la foi ? Nous n'avons pas accès à ce qui se passe dans l'invisible ou dans le cœur profond des personnes. Nous avons seulement accès aux fruits et ils sont beaux.
"Vous êtes la lumière du monde" ? Dire que nous sommes lumière est un raccourci. Ce n'est pas nous la lumière. C'est le Christ, la lumière qui vient éclairer le monde. S'il affirme que nous sommes "lumière", nous qui ne sommes pas à proprement parler des lumières, c'est qu'il affirme qu'en nous, souvent cachée, habite une lumière, ce que les spirituels appellent lumière intérieure. En tout homme et en toute communauté chrétienne, la lumière de Dieu, l'étincelle divine réside. Cette lumière ne demande qu'à grandir.
« On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ». Un boisseau à l'époque de Jésus est une sorte de marmite. Le Seigneur nous demande de ne pas étouffer cette lumière divine en nous et aussi en notre communauté. Il faut qu'elle prenne toute son ampleur, cette lumière. Il faut qu'elle rayonne. Mais comment ? A chaque acte de foi, d'espérance et d'amour, elle se déploie, réchauffe et éclaire.
Je désire dans cet édito proclamer que la lumière reçue à Saint Leu, n’est pas à mettre sous un boisseau mais sur le lampadaire pour qu'elle continue à briller dans notre communauté.

Père Bernard-Marie Geffroy