vendredi 29 mars 2013

Vendredi Saint










Contemplons Jésus en Croix


La foi en Dieu Père demande de croire dans le Fils, sous l’action de, l’Esprit, en reconnaissant dans la Croix qui sauve le dévoilement définitif de l’amour divin. 

Dieu est notre Père en nous donnant son Fils : Dieu est notre Père en nous pardonnant notre péché et en nous amenant à la joie de la vie par la résurrection ; Dieu est notre Père en nous donnant l’Esprit qui fait de nous ses enfants et nous permet de l’appeler «Abba, Père» (cf.Rm8,15).

C’est pourquoi Jésus, nous enseignant à prier, nous invite à dire « Notre Père » (Mt 6,9-13 ; cf. Lc11,2-4).
La paternité de Dieu est alors l’amour infini, la tendresse qui se penche sur nous, ses enfants, qui sommes faibles et qui avons besoin de tout. Le psaume 103, le grand chant de la miséricorde divine, proclame : « Comme est la tendresse d’un père pour ses fils, tendre est le Seigneur pour qui le craint ; il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que poussière nous sommes » (vv.13-14). C’est précisément notre petitesse, notre nature humaine faible, notre fragilité qui devient un appel à la miséricorde du Seigneur pour qu’il manifeste sa grandeur et sa tendresse de Père en nous aidant, en nous pardonnant et en nous sauvant.

Et Dieu répond à notre appel, en envoyant son Fils, Il meurt et ressuscite pour nous, Il entre dans notre fragilité et fait ce que l’homme, seul, n’aurait jamais pu faire : il prend sur lui le péché du monde, lui, l’agneau innocent, et nous ouvre à nouveau le chemin vers la communion avec Dieu, il fait de nous les vrais fils de Dieu. C’est là, dans le mystère pascal, que se révèle dans toute sa lumière le visage définitif de Dieu. Et c’est là, sur la croix glorieuse, qu’advient la pleine manifestation de la grandeur de Dieu comme « Père tout-puissant ».

Mais nous pourrions nous demander : comment est-il possible de penser à un Dieu tout-puissant en regardant la croix du Christ, ce pouvoir du mal qui en arrive à tuer le Fils de Dieu ? Nous aimerions certainement une toute-puissance divine selon nos schémas mentaux et selon nos désirs : un Dieu « tout-puissant » qui résolve les problèmes, qui intervienne pour nous éviter les difficultés, qui soit vainqueur des puissances adverses, qui change le cours des événements et supprime la douleur. C’est ainsi qu’aujourd’hui certains théologiens disent que Dieu ne peut pas être tout-puissant sinon il ne pourrait y avoir tant de souffrance, tant de mal dans le monde. En réalité, devant le mal et la souffrance, pour beaucoup, pour nous, il devient problématique, difficile de croire en un Dieu Père et de le croire tout-puissant ; certains cherchent refuge dans les idoles, en cédant à la tentation de trouver une réponse dans une toute-puissance supposée « magique » et dans ses promesses illusoires.

Mais la foi en Dieu tout-puissant nous pousse à parcourir des sentiers bien différents : apprendre à connaître que la pensée de Dieu est différente de la nôtre, que les voies de Dieu sont différentes des nôtres (cf. Is 55,8) et aussi que sa toute-puissante est différente : elle ne s’exprime pas comme une force automatique et arbitraire, mais elle est marquée par une liberté amoureuse et paternelle. En réalité, Dieu, en créant des créatures libres, en donnant la liberté, a renoncé à une partie de son pouvoir, nous laissant le pouvoir de notre liberté. C’est ainsi qu’il aime et qu’il respecte notre liberté de répondre par amour à son appel. Comme Père, Dieu désire que nous devenions ses enfants et que nous vivions comme tels en son Fils, en communion, dans une totale familiarité avec lui. 

Sa toute-puissance ne s’exprime pas dans la violence, dans la destruction de tout pouvoir adverse, comme nous le désirerions, mais elle s’exprime dans l’amour, dans la miséricorde, dans le pardon, dans l’acceptation de notre liberté et dans une invitation inlassable à la conversion du cœur, dans une attitude faible en apparence – Dieu semble faible, si nous pensons à Jésus-Christ qui prie, qui se fait tuer. 

C’est une attitude en apparence faible, faite de patience, de douceur et d’amour, qui montre que c’est cela la vrai manière d’être puissant. C’est cela la puissance de Dieu ! Et cette puissante vaincra ! 

Benoît XVI, 30 janvier 2013.