lundi 6 août 2018

Il y a 40 ans, en la fête de la Transfiguration, disparaissait le cher et bienheureux pape Paul VI


Un extrait de sa magnifique exhortation apostolique "Annoncer l'Evangile aux hommes de ce temps" (Mai 1975)

Témoins authentiques

76. Considérons maintenant la personne même des évangélisateurs. On répète souvent, de nos jours, que ce siècle a soif d’authenticité. A propos des jeunes, surtout, on affirme qu’ils ont horreur du factice, du falsifié, et recherchent par-dessus tout la vérité et la transparence.

Ces “ signes du temps ” devraient nous trouver vigilants. Tacitement ou à grands cris, toujours avec force, l’on demande: Croyez-vous vraiment à ce que vous annoncez ? Vivez-vous ce que vous croyez ? Prêchez-vous vraiment ce que vous vivez ? Plus que jamais le témoignage de la vie est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la prédication. Par ce biais-là nous voici, jusqu’à un certain point, responsables de la marche de l’Evangile que nous proclamons.

“ Qu’en est-il de l’Eglise dix ans après la fin du Concile ? ” — demandions-Nous au début de cette méditation. Est-elle ancrée au coeur du monde et pourtant assez libre et indépendante pour s’adresser au monde ? Fait-elle preuve de solidarité avec les hommes et témoigne-t-elle en même temps de l’Absolu de Dieu ? Est-elle plus ardente dans la contemplation et l’adoration et plus zélée dans l’action missionnaire, caritative, libératrice ? Est-elle toujours plus engagée dans les efforts qui cherchent à rétablir la pleine unité des chrétiens, laquelle rend plus efficace le témoignage commun “ afin que le monde croie ” ?[119] 

Nous sommes tous responsables des réponses que l’on pourrait donner à ces interrogations.
Nous exhortons donc nos Frères dans l’épiscopat, placés par l’Esprit Saint pour gouverner l’Eglise.[120] 

Nous exhortons les prêtres et les diacres, collaborateurs des Evêques dans le rassemblement du peuple de Dieu et dans l’animation spirituelle des communautés locales. Nous exhortons les religieux, témoins d’une Eglise appelée à la sainteté et donc conviées eux-mêmes à une vie qui témoigne des béatitudes évangéliques. Nous exhortons les laïcs : familles chrétiennes, jeunes et adultes, tous ceux qui exercent un métier, les dirigeants, sans oublier les pauvres souvent riches de foi et d’espérance, tous les laïcs conscients de leur rôle évangélisateur au service de leur Eglise ou au coeur de la société et du monde. Nous leur disons à tous : il faut que notre zèle évangélisateur jaillisse d’une véritable sainteté de vie alimentée par la prière et surtout par l’amour de l’Eucharistie, et que, comme nous le suggère le Concile, la prédication à son tour fasse grandir en sainteté le prédicateur.[121]

Le monde qui, paradoxalement, malgré d’innombrables signes de refus de Dieu, le cherche cependant par des chemins inattendus et en ressent douloureusement le besoin, le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible.
[122]

 Le monde réclame et attend de nous simplicité de vie, esprit de prière, charité envers tous, spécialement envers les petits et les pauvres, obéissance et humilité, détachement de nous-mêmes et renoncement. Sans cette marque de sainteté, notre parole fera difficilement son chemin dans le coeur de l’homme de ce temps. Elle risque d’être vaine et inféconde.