samedi 3 décembre 2011

Une présence qui se veut simple et fraternelle

À Angoulême, la maison Béthanie propose un accueil le dimanche après-midi pour rompre la solitude. Ouvert à tous, c’est un lieu convivial où les échanges se créent, de façon simple et informelle, autour d’un café, d’un dialogue ou d’un jeu. Dix mois après son ouverture, la fraternité trinitaire et les paroissiens font un premier bilan.

"Pour les gens qui sont seuls, c’est un point de repère », résume simplement Isabelle en parlant de l’accueil du dimanche à la maison Bethanie. Comme une quinzaine de personnes, elle a assuré des permanences dominicales dans la salle derrière l’église Saint-Martial d’Angoulême. Elle a échangé un sourire, un café, une parole, avec des publics très différents. Elle a été une présence d’amour comme invite le charisme de la fraternité Trinitaire qui rayonne sur cette paroisse du centre-ville.
Tous les dimanches, sans interruption, de 15 heures à 17 h 30, l’accueil était assuré par les religieuses trinitaires, des laïcs associés ou des paroissiens.
Un lieu qui se personnalise
En dix mois, un petit noyau d’habitués s’est naturellement constitué. Ils sont une vingtaine de personnes à venir régulièrement. « Pendant l’été, il y a souvent eu une quinzaine de personnes le dimanche », estime Julien.
Dans la grande salle, chacun trouve naturellement une place, autour de la grande table de salle à manger, ou sur le divan du coin salon. « L’accueil se fait de façon informelle, raconte Gilles. Des fois, on va se lancer dans un jeu, des groupes se forment, un dynamisme émerge, les gens se rencontrent, s’écoutent. »
« Il y a différents types de personnes qui viennent, précise Laurent. Certains viennent pour parler, d’autres pour écouter, d’autres pour un petit goûter... » « Les gens se sentent de plus en plus chez eux, ajoute Sœur Marie-Paule. Il y en a qui s’occupe du café, l’autre fait la vaisselle, certain apporte une boisson, une tarte ou un gâteau. C’est un lieu qui se personnalise ».
Tous s’accordent à saluer la richesse de ce temps partagé. « On dit que le dimanche, c’est en famille. Se retrouver seul ce jour-là, ça peut être assez difficile à vivre. Ici, on peut sortir de son isolement », indique Isabelle. « La rencontre avec des personnes est très intéressante. Même pour nous, ça nous apporte », note sœur Marie-Germaine.
En lien avec les autres acteurs sociaux
L’accueil de tous les publics n’est pas toujours chose facile. À côté des nombreux aspects positifs, les bénévoles ont fait remonter aussi quelques difficultés. « On a été quelque fois dépourvu par certaines personnes. On craint qu’elles ne se soient éloignées du groupe à cause de cela », rapporte sœur Marie-Paule. « Comment gérer l’agressivité? »
Les questions de relecture et de la formation s’imposent d’elles-mêmes dans la discussion. Invité par le père Denis Trinez, François de Solan témoigne de ce qui est mis en place à La Colombière. « Tous les mois, nous avons une réunion. Et tous les deux mois, un médiateur nous aide. Cela permet d’uniformiser les attitudes des accueillants », indique le président. À un pâté de maisons de la maison Bethanie, le café associatif est également ouvert le dimanche. C’est un accueil non confessionnel. « Je pense qu’on se complète bien », estime François de Solan.
« Le dimanche, c’est le jour de plus grande solitude, c’est vraiment formidable d’avoir des lieux d’accueil », souligne Martine Berrier du Secours catholique qui voit là une belle complémentarité avec le travail des équipes en semaine.
L’élan est donné, des bénévoles fidèles se relaient, reste à faire savoir aux personnes souffrant de solitude qu’ils sont les bienvenus. Pour le père Denis Trinez, l’enjeu est là. « Il y a un noyau stable, mais il ne faut pas se refermer sur soi, il est important de rester ouvert aux autres ».

Laétitia Thomas.
"Le courrier Français"