"DE L’AMOUR TRINITAIRE DE DIEU
À LA LIBÉRATION DES CAPTIFS"
Homélie de monseigneur Dagens :
Homélie de monseigneur Dagens :
« Fortifiez les mains défaillantes, crie le prophète Isaïe, affermissez
les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : Prenez courage, ne
craignez pas : voici votre Dieu… Il vient lui-même et va vous sauver. »
Ces promesses du prophète Isaïe se réalisent dans l’histoire, d’une
manière unique, à travers la personne et l’action de cet homme nommé Jésus,
Celui qui « vient chercher et sauver ce qui était perdu » et qui le fait savoir
à son cousin Jean le Baptiste, le Précurseur : « Allez rapporter à Jean ce que
vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux
sont purifiés, les morts ressuscitent, et la Bonne nouvelle est annoncée aux
pauvres. »
Tel est l’événement unique de la venue du Dieu vivant parmi nous. Et il
ne s’agit pas seulement d’un épisode de l’histoire. Il s’agit de l’ouverture
définitive de Dieu lui-même à notre humanité, de Dieu le Père qui envoie son
Fils pour tout prendre sur lui de notre existence et le Fils enverra, du sein
du Père, l’Esprit qui fait en nous toutes choses nouvelles, comme par un acte
de renaissance. Et cette renaissance passe par nos corps et par nos cœurs qui
attendent souvent d’être libérés de ce qui les entrave.
Entre l’Amour trinitaire du Dieu vivant et la libération des captifs existe
une relation intime et c’est le charisme personnel reçu par saint Jean de
Matha, à la fin du XIIe siècle. Il a été marqué par cette relation intime,
jusqu’à être appelé à lui donner force à travers de petites Fraternités
appelées, d’un même mouvement, à adorer l’Amour trinitaire de Dieu et à agir
pour libérer des captifs.
De Cerfroid, dans l’Aisne, le premier lieu de fondation, à Angoulême, en
Charente, où a été constituée cette nouvelle Fraternité trinitaire, c’est la
même histoire qui continue. C’est la même révélation et la même action de Dieu
qui se réalise en passant par des hommes et des femmes heureux de devenir des
signes sensibles de cette libération qui vient du cœur de Dieu, Père, Fils et
Esprit Saint, pour les captifs que nous sommes tous, surtout quand nous
désirons vivre libres, désentravés, désenchaînés, brisant les liens de nos
addictions diverses, de tout ce qui nous empêche de déployer les dons de Dieu
que nous avons reçus.
Merci à vous, de tout cœur, Père Denis Trinez, d’être ici, à Saint-Martial
d’Angoulême, avec vos quatre sœurs Trinitaires et avec vos frères et sœurs
laïcs, des témoins vivants et convaincus de cette histoire qui continue.
La présence priante et aimante que j’ai souhaitée, vous la pratiquez, je
l’atteste. Et depuis trois ans, je vois que cette présence est reconnue et que
beaucoup en bénéficient, et que votre fraternité est devenue comme un lieu de
ressourcement où beaucoup viennent puiser. Beaucoup, et en particulier
nous-mêmes, nous tous, lorsque, d’une façon ou d’une autre, nous sommes tentés
de douter de nous-mêmes, d’être vaincus par le Mal et le Malin, de céder à nos
pulsions destructrices, de nous laisser séduire par ce qui risque de nous
détruire.
Ici, avec vous, et grâce à vous, nous pouvons être ressaisis par l’Amour
du Christ, par la force rédemptrice de sa Pâque : et nous sommes encouragés à
nous relever, à marcher, à espérer en Dieu et à ne plus désespérer de
nous-mêmes, en retrouvant des raisons de vivre notre relation au Christ, par la
prière et par la charité, en prenant ou en reprenant notre place dans la
mission ordinaire de l’Église.
Père Trinez, je souhaite simplement que votre mission déjà si féconde
continue ici, qu’elle continue à se diffuser et à porter des fruits, sans
craindre les obstacles, ou les freins, ou les critiques.
Je
m’engage avec vous pour les années qui viennent et mon engagement a aussi la
forme d’une très vive reconnaissance : oui, je reconnais qu’à travers vous,
l’Amour trinitaire du Dieu vivant agit parmi nous, qu’il ne s’impose pas, qu’il
respecte et aussi qu’il appelle : « Venez ! Voyez ! Comprenez ! Recevez !
Laissez-vous accueillir par le Père des miséricordes, par le Christ Rédempteur
et Sauveur, par l’Esprit Conseiller et consolateur, et soyez heureux, soyons
heureux d’attester qu’en vivant cet Aujourd’hui de Dieu, nous participons à la
grande histoire du Salut, dont nous devenons les signes. » De saint Jean de
Matha à ce début du XXIe siècle, c’est le même mystère qui s’accomplit : le
mystère de Dieu avec nous pour la vie du monde !