samedi 5 septembre 2015

le bienheureux Jean-Joseph Lataste


Envoyé prêcher à des détenues condamnées aux travaux forcés et emprisonnées à Cadillac, près de Bordeaux, le père Lataste, dominicain, fut profondément marqué par cette rencontre. Il faut dire que le cœur de ce jeune prêtre (il avait tout juste 30 ans) ne pouvait que s’émouvoir devant la détresse d’un tel lieu. Entassées à plus de 400, condamnées à des travaux exténuants dans une promiscuité intenable, vouées à la honte et à l’exclusion sociale, ces femmes étaient le reflet de toute la misère du monde.
Entre 1864 et 1865, le P. Lataste prêche en prison deux retraites qui enflamment leur âme. Que leur dit-il ? Que Dieu aime chacune d’entre elles, tout particulièrement, et sans doute plus que d’autres qui mènent une vie normale et vertueuse, que Marie-Madeleine, la pécheresse de l’Évangile, "occupait peut-être auprès du Sauveur une place au-dessus de toutes les autres femmes". Bref, par sa douceur et sa grande compassion, il les convertit. Les messes et les adorations se succèdent et ne désemplissent pas.

Les pécheurs, privilégiés de l'amour de Dieu

Le P. Lataste, excellent confesseur et délicat conducteur d’âme, sait montrer la réalité de l’amour infini de Dieu. C’est pendant cette période qu’il a, au cours d’une adoration eucharistique, l’intuition de ce qui deviendra la communauté des  Dominicaines de Béthanie, ordre qu’il fonde en 1867. Pour l’époque, cette congrégation, qui existe toujours, est d’une folle originalité : faire vivre en vie fraternelle d’anciennes prisonnières au passé douteux. Dans sa correspondance, on retrouve à chaque page le mot "prier". Socle de son action, moteur de sa vie spirituelle, la prière d’abandon confiant ne le quittait pas. Le P. Lataste meurt en 1869. Béatifié le 6 juin 2012 à Besançon. L'Eglise fait mémoire de lui le 5 septembre.