« les
conséquences des actes ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les
cas ».
ADOPTÉ À UNE VOIX PRÈS
Ce paragraphe sur le
discernement a été adopté à seulement 178 voix, soit, à une voix près, tout
juste les deux tiers pour qu’il soit validé par les 265 pères synodaux votant.
De plus, le rapport
final ouvre la voie au baptême pour les catéchumènes remariés qui avaient
divorcé d’un premier mariage civil (n° 75) « à une époque où au moins
un des deux conjoints ne connaissait pas la foi chrétienne ». L’Église
reconnaissant à ce premier mariage l’indissolubilité du mariage sacramentel
entre deux baptisés, ils n’y avaient jusque-là pas accès. « Les évêques
sont appelés à exercer, dans ces cas, un discernement pastoral
calibré/proportionné à leur bien spirituel ». « Nous reconnaissons
que l’Esprit Saint est venu les chercher là où ils étaient. Peut-on résister à
l’Esprit Saint ? », explique à La Croix Mgr Georges Pontier,
archevêque de Marseille et président de la conférence épiscopale française, qui
a fortement soutenu, avec d’autres, cette proposition.
LANGAGE
RAPPELANT VATICAN II
Au-delà de cette
question, qui aura été très débattue au cours de ce Synode, le document final
déploie un langage non pas centré sur un rappel de la loi – l’Église ne renonce
pas à annoncer la joie et la beauté du mariage – mais portant un regard
compatissant sur les situations familiales, y compris irrégulières. Ce langage rappelle
fortement le regard de Vatican II et notamment de Gaudium et Spes, ainsi
lorsqu’il souligne que « l’Église fait siennes, dans un partage
affectueux, les joies et les espérances, les douleurs et les angoisses de
chaque famille ». Le texte aborde les situations des familles de migrants,
séparées et éprouvées par les conflits ou encore les violences contre les
femmes.
Le texte aborde
l’homosexualité, mais seulement sous l’angle des familles confrontées à cette
situation. Il rappelle la dignité des personnes homosexuelles, rejetant une
discrimination injuste.
« DOCUMENT SUR LA
FAMILLE » DEMANDÉ AU PAPE
L’ensemble des 94
paragraphes ont recueilli la majorité qualifiée nécessaire des deux-tiers,
contrairement au document final de l’an dernier où 3 paragraphes ne l’avaient
pas recueillie.
Les pères synodaux
concluent leur texte par une demande au pape de donner à l’Église « un
document sur la famille », lui laissant ainsi des marges pour préciser les
conditions d’accès aux sacrements pour les divorcés remariés.
Le pape François a
conclu les trois semaines de travaux de l’assemblée par un discours fort, très
orienté vers la miséricorde. « Les vrais défenseurs de la doctrine ne sont
pas ceux qui défendent la lettre mais l’esprit ; non les idées mais les hommes ;
non les formules mais la gratuité de l’amour de Dieu et de son pardon »,
a-t-il déclaré. « Le premier devoir de l’Église n’est pas celui de
distribuer des condamnations ou des anathèmes mais il est celui de proclamer la
miséricorde de Dieu »
Devant les différences
notables entre évêques et des situations des familles selon les continents, il
a invité à « l’inculturation » : « L’inculturation n’affaiblit
pas les vraies valeurs ».
Dans ce discours, le
pape est revenu aussi sur les incidents ayant émaillé ce Synode, accusant
« des méthodes parfois pas du tout bienveillantes ». Une référence
implicite à la lettre rendue publique de cardinaux doutant de sa conduite des
travaux.
Céline Hoyeau et
Sébastien Maillard (à Rome)
Source : "La Croix" du 24 octobre