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Notre fraternité est composée de 25 personnes : 18 laïcs et 4 prêtres, Trinitaires de Béthanie ou membres associés et 3 Religieuses Trinitaires de Valence. Fondée en 2010, les membres de la fraternité ont vocation à assurer une présence priante et aimante là où ils vivent. La fraternité est aujourd'hui présente dans le diocèse d'Angoulême et en Champagne/Ardennes.

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mercredi 8 juin 2022

Message du Ministre Général des Trinitaires à l'occasion de la solennité de la Sainte Trinité



 Chers frères et sœurs, 


Permettez-moi de vous adresser, à vous tous membres de la Famille trinitaire, mon salut cordial et fraternel. 

Nous avons récemment vécu en famille des moments particulièrement intenses et significatifs : le congrès international du SIT et la réunion du COPEFAT, tous deux célébrés à Rome. Ce furent des moments de grâce qui nous aident à vivre aujourd’hui le charisme trinitaire-rédempteur de notre Fondateur. Le congrès du SIT s’est ouvert par une audience privée avec le Saint Père François, qui a exprimé des mots de remerciement et d’estime pour notre engagement à actualiser l’inspiration originelle de saint Jean de Matha. Il a également souligné comment le travail en faveur de ceux qui souffrent pour la foi est une expression de notre spécificité : c’est la principale contribution que nous pouvons offrir à l’Église et à la société. Les paroles du Pontife sont pour nous non seulement une source de grande joie, mais aussi une incitation à avancer dans cette direction et toujours plus unis, car la fidélité et la communion s’appellent et se fortifient mutuellement. Je remercie de tout cœur le SIT Général, qui a travaillé intensément à la réalisation de cet événement historique, qui a eu un grand écho dans les médias au niveau international et qui guidera et renforcera certainement notre engagement futur envers les chrétiens persécutés.


La rencontre du COPEFAT nous a également permis de partager le chemin que font les différentes instances de notre famille religieuse et surtout d’identifier des chemins communs de collaboration et de soutien mutuel. En particulier, nous nous sommes concentrés sur le domaine de la formation à partir des lignes programmatiques du Chapitre Général de 2019. La volonté de travailler ensemble dans ce domaine si décisif pour l’avenir de notre famille religieuse est devenue évidente. En cela, comme dans d’autres domaines de notre vie religieuse et de notre apostolat, ce qui est le plus important, c’est le désir et l’effort de marcher ensemble. 

Le 8 mai 2022, à Andujar (Espagne), avec une célébration eucharistique solennelle, l’Année jubilaire pour commémorer le cinquième centenaire de la naissance du bienheureux Marc Criado a commencé.  L’évêque de Jaén, Mgr Sebastián Chico Martínez, dans une lettre qu’il m’a adressée, a écrit : « Le bienheureux Marc Criado offre un profil toujours remarquable en tout temps et en tout lieu. Sa fidélité au charisme, son zèle apostolique, sa disponibilité à la mission, sa générosité dans le don de sa vie, sa dévotion mariale sont quelques-unes des nombreuses vertus qui l’ont rendu digne de reconnaissance ecclésiale pour la manière héroïque dont il a vécu sa foi.  Les martyrs enrichissent notre histoire, exaltent notre foi et nous stimulent au don généreux de notre vie ». Les pauvres, les persécutés et les saints sont la richesse de notre famille religieuse. Nous avons également présenté à l’évêque de Jaén la demande de déclarer le bienheureux Marc co-patron de la ville d’Andujar. Même si le processus est long et articulé, nous sommes confiants que ce désir peut être réalisé. En outre, le 22 mai, le martyr béni a été déclaré « fils illustre » de la ville d’Andujar par le maire et toute l’administration locale. Tout cela, nous l’espérons, contribuera à mieux faire connaître sa personne afin d’accueillir dans nos vies les fruits de son témoignage et de pouvoir, nous l’espérons bientôt, le vénérer comme un saint. 


Le 21 mai dernier, en outre, le pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret concernant les vertus héroïques de la servante de Dieu Mère Mariana de la Très Sainte Trinité (au siècle : Maria Ana Rita Allsopp Manrique) cofondatrice des Sœurs de la Très Sainte Trinité de Madrid. Cette reconnaissance importante est un honneur et une joie pour toute la Famille Trinitaire. 

Mère Mariana a vécu son existence comme une offrande de louange et d’amour à la Très Sainte Trinité et comme un instrument de libération et de rédemption pour de nombreuses jeunes femmes qui vivaient en marge de la société et devenaient des cibles faciles d’exploitation et de violences de toutes sortes. Son œuvre et son témoignage s’insèrent dans le sillage de la longue tradition de notre famille de service attentionné envers ceux qui sont foulés dans leur dignité. L’Institut des Sœurs Trinitaires de Madrid, fondé par elle avec le Père Méndez, exprime la vitalité du charisme trinitaire et, en même temps, l’enrichit d’une nouvelle expression dans la ligne de la double fidélité aux origines et au temps présent. Le souhait pour les Sœurs Trinitaires de Madrid et pour toute notre famille religieuse est que l’exemple de cette femme qui a vécu de manière héroïque les vertus chrétiennes et qui a incarné le charisme rédempteur-libérateur en son temps, puisse inciter de nombreux jeunes à répondre à l’appel de Dieu pour continuer son œuvre de rédemption et de libération à l’exemple de Mère Mariana.


Nous traversons un moment historique particulièrement difficile, resserré dans l’emprise de l’urgence sanitaire et humanitaire, le premier créé par la pandémie et le second créé par la folie de la guerre en Ukraine. La Famille trinitaire en ce moment historique dramatique s’est montrée unie et solidaire : il y a eu, en effet, une réponse grande et généreuse à l’appel que j’avais lancé au début de la guerre pour soutenir les activités d’accueil et d’aide humanitaire de nos confrères polonais. Grâce à la générosité de tant de personnes, nous avons pu répondre adéquatement aux besoins de tant de réfugiés. Je tiens à remercier toutes les communautés religieuses et paroissiales, les associations laïques pour la grande sensibilité dont elles ont fait preuve. Je remercie également les différentes associations culturelles et sociales non liées à notre famille religieuse qui ont choisi de nous soutenir. 

Mes remerciements vont également à nos religieux polonais qui sont directement impliqués dans l’accueil des réfugiés d’Ukraine et qui, comme je l’avais déjà souligné dans la lettre-appel, ont reçu de la Providence et de l’histoire la tâche de représenter toute la famille trinitaire face à la catastrophe humanitaire qui a marqué la vie de millions de personnes. Je ne veux pas oublier également les autres initiatives en faveur des victimes de la guerre, telles que l’envoi de produits de première nécessité et de médicaments directement en Ukraine. Notre désir est de construire un pont de solidarité pour assurer non seulement dans ces semaines mais aussi dans les mois à venir notre attention concrète et notre proximité avec ceux qui subissent les terribles conséquences de la guerre.


L’engagement à être des bâtisseurs de paix est une caractéristique fondamentale de notre charisme et de notre famille religieuse qui, dès le début, en choisissant le langage et les gestes de non-violence en temps de conflit et de réarmement, a représenté « une présence inattendue et courageuse de l’humanité et de la paix, une épine dans le pied de la violence qui sévissait alors ». La paix est un don de Dieu et doit être invoquée chaque jour par la prière ; mais la paix est aussi un engagement quotidien, elle doit être gardée et promue par des gestes concrets de solidarité et surtout par un style de vie fait d’accueil, de dévouement généreux envers les autres, de sens des responsabilités. L’engagement envers les chrétiens persécutés et la promotion d’une culture de respect de la liberté religieuse sont aussi le chemin que le Seigneur continue de nous montrer pour être des artisans de paix. La paix et la liberté vont de pair. La guerre n’apporte que la destruction et la mort, génère de la haine et du ressentiment, détruit non seulement les maisons, les structures sanitaires et les églises (dans la guerre en Ukraine, plus de soixante églises ont été détruites et c’est un chiffre provisoire). La guerre détruit également la vie, la dignité et l’avenir de millions de personnes. La guerre est la négation de tous les droits de l’homme, y compris le droit le plus sacré, celui de professer librement sa foi et de vivre selon ses principes et ses valeurs. Et nous, Trinitaires, ne pouvons manquer d’être présents et opérationnels là où la dignité humaine est outragée, d’être des artisans humbles et courageux de la paix. 


Le mystère de la Trinité, que nous célébrerons solennellement dans quelques jours, est une source de paix, d’unité, de vraie fraternité. Dans la liturgie, la Trinité est invoquée comme un « océan de paix », une image évocatrice qui nous dit à la fois la grandeur du mystère de l’amour divin mais aussi sa proximité, son caractère véritablement source et principe de vie nouvelle. La Règle trinitaire est aussi une plongée dans le mystère de la Trinité dès ses premiers mots « Au nom de la Sainte et Indivisible la Trinité ». Toute la Règle est imprégnée de ce mystère. Saint Jean de Matha, en tant que maître de théologie, avait bien compris que la Très Sainte Trinité pouvait être non seulement l’objet d’une réflexion théologique, mais aussi un mystère auquel nous devons accorder notre mode de vie et nos choix. La Trinité n’est pas seulement le début et la fin de nos vies, mais aussi le modèle pour inspirer notre existence. La Règle de saint Jean de Matha est comme un pont qui relie le mystère par excellence de la foi chrétienne à nos vies. Nous avons tous l’honneur de porter en famille le titre de la Très Sainte Trinité. Nos constitutions, tant celles des religieux que des religieuses, parlent de « consécration avec un titre spécial à la Trinité » (Constitutions n. 1). Dans le Projet de Vie du Laïcat Trinitaire, nous lisons que les laïcs sont « consacrés par une vocation particulière à la Très Sainte Trinité ».  (n° 2). Qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est certainement pas un privilège mais tout à la fois une mission, un don et une tâche. Benoît XVI affirme que « l’immense joie que nous apportent la pensée, l’admiration et la louange de la Très Sainte Trinité, fonde et soutient l’engagement concret de s’inspirer de ce modèle parfait de communion dans l’amour pour construire nos relations humaines quotidiennes. La Trinité est vraiment une communion parfaite ! Comment le monde changerait si dans les familles, les paroisses et dans toutes les autres communautés, les relations étaient toujours vécues à l’exemple des trois Personnes divines, dans lesquelles chacune vit non seulement avec l’autre, mais pour l’autre et dans l’autre ! ». Que notre formation permanente et la formation initiale de nos religieux et de nos laïcs soient de plus en plus modelées sur ce mystère afin qu’il ne soit pas seulement un « titre », mais aussi un programme et un mode de vie. Que le « mystère » central de notre foi devienne un « ministère », un service généreux envers les pauvres et les souffrants. 


Que l’exemple intemporel de notre Fondateur et de tous nos saints soit notre guide et notre aide !  Confions à la Très Sainte Trinité notre humble engagement à construire la paix, à générer une culture de solidarité dans un monde déchiré par les guerres fratricides, la discorde et les divisions. Nous nous confions aussi à la protection de nos Saints et, en ce mois marial, à l’intercession de la Vierge du Bon Remède. 


Je vous assure tous de mes prières et de ma bénédiction !




Rome, le 22 mai 2022

Sixième dimanche de Pâques



Fr. Luigi Buccarello O. SS. T.

Ministre Général