lundi 17 décembre 2018

MESSAGE DU MINISTRE GÉNÉRAL À LA FAMILLE TRINITAIRE À L'OCCASION DE LA SOLENNITÉ DE SAINT JEAN DE MATHA ET DE LA NATIVITÉ DE NOTRE SEIGNEUR

Le Père Général en visite à Angoulême
en juin 2018

Mes bien chers frères et sœurs,

Alors que 2018 touche à sa fin, nous sommes tous invités à rendre grâce pour les innombrables bénédictions dont nous avons bénéficiés et continuons à recevoir. A Noël, nous commémorerons et célébrerons le plus grand don que le Père nous a pu nous offrir, celui de nous avoir envoyé son propre Fils Jésus-Christ et son message de salut. Une autre grâce a été celle de notre père et fondateur, saint Jean de Matha. Nous fêterons avec gratitude le jour de sa solennité. La lumière resplendissante du Christ et le merveilleux témoignage de saint Jean de Matha continuent d’inspirer et de motivertout Trinitaire. Le sacrifice suprême de l’amour et de la rédemption de notre Sauveur est la raison d’être de la célébration de Noël. Le charisme de saint Jean de Matha a traversé de nombreux siècles et continue aujourd’hui à éveiller la conscience et l'engagement de chacun des membres de notre Famille, source de la beauté de la vocation trinitaire et de l'amour pour elle.

Après avoir servi pendant de nombreuses années notre Ordre et notre Famille, je suis rempli de gratitude et de joie pour ma vocation trinitaire. Malgré toutes nos limites et nos faiblesses, je suis vivement conscient de la beauté et de la noblesse de notre vocation en ce moment particulier de l’histoire. Combien de saints engagés de notre Famille ont contribué à travers les siècles, à enrichir et à faire vibrer le charisme que nous avons hérité ! La méditation sur la vie exemplaire de tant de nos frères et sœurs m’incite à dépasser mes propres limites et à répondre plus généreusement à ma vocation. La publication récente de la biographie du père Antoine de la Mère de Dieu, écrite par Giovanna Merendino, laïque trinitaire, me remplit de ferveur et d'optimisme pour notre famille. Quelle figure éminente et remarquable de Trinitaire que ce père Antoine de la Mère de Dieu !

Ayant vécu au XIXème siècle, il est sans conteste le restaurateur des temps modernesde l’Ordre en Italie. Fils fidèle de saint Jean de Matha et de saint Jean Baptiste de la Conception et ardent défenseur du charisme trinitaire, il a fait renaître l’Ordre qui agonisait sous les coups terribles de l’invasion napoléonienne et de la suppression de nos maisons. Les difficultés rencontrées pour restaurer et développer l’Ordre en Italieet en France, étaient innombrables et insurmontables. Giovanna Merendino décrit magnifiquement sa foi et son engagement héroïque : « Le père Antoine ne cesse de prier Dieu, à qui il a consacré toute sa vie, afin d’obtenir les grâces qu’il demandait, et de le remercier. Son humble prière est son pouvoir et sa force, et par ce seul moyen, il a été capable de faire revivre l'Ordre trinitaire en Italie et de subvenir aux nombreux besoins des communautés. » A sa mort, le 22 décembre 1867 à Saint Chrisogone (Rome), comme ministre général, il avait restauré deux provinces en Italie avec un bon nombre de religieux fervents, qui ont pu maintenir la présence trinitaire en Italie et en France malgré les difficultés et les menaces qui planaient sur eux.

L’exemple d'illustres Trinitaires comme le père Antoine de la Mère de Dieu et lavénérable sœur Angela du Sacré Cœur, religieuse trinitaire de Valencia, qui a rendu sa vie d'ange de la paix dans le camp de concentration d'Auschwitz en 1944, nous inspire et nous donne un élan formidable pour vivre et témoigner comme Trinitaires pleinement engagés en ces temps difficiles de l'Église. Les scandales, les persécutions et les ennemis de l'intérieur comme de l'extérieur ont déchiré et ébranlé l’Église, lui causant d'immenses dommages. Quelle est notre réponse à ces événements ? Comme Antoine de la Mère de Dieu et Angela d’Auschwitz, nous devons nous tourner vers la Trinité Sainte avec une foi inébranlable et une prière incessante et chercher à vivre notre consécration et notre engagement trinitaires de tout notre cœur. Les demi- mesures et les réponses tièdes sont inadéquates de nos jours. Comme le Saint-Père nous le rappelle, « ou nous donnons tout ou nous ne donnons rien ».

Le Christ et sa parole devraient être notre référence constante pour être renouvelés. Les normes du monde, la générosité minimale et les pieux discours de certains peuvent nous inciter à vivre qu’à moitié notre engagement. Nous pouvons être tentés de regarder autour de nous et de critiquer, d'être complaisants et suffisants et de succomber ainsi à la médiocrité. La Parole de Dieu nous avertit :
« Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ». Prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. Ne soyez donc pas insensés, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.(Eph 5, 14-17)

Notre réflexion précédente est plus que pertinente quant à la question de la vocation et du discernement. Comme vous le savez, le Synode des Évêques traitant de la jeunesse, de la pastorale des jeunes et du discernement vocationnel vient de se conclure. Parmi les thèmes traités, les pères ont souligné l’importance de l’écoute et de l'accompagnement des jeunes. Les jeunes ont été eux invités à mener une vie de sainteté impliquant ainsi un don total au Christ. Comment pouvons-nous écouter, agir et accompagner efficacement nos jeunes dans leur discernement vocationnel sans vivre notre propre engagement avec ferveur et générosité ? Il n’y a pas de meilleure publicité et attraction pour les vocations qu’un Trinitaire pleinement engagé vivant et témoignant de sa consécration et de sa mission avec passion et ferveur. Si nous sommes vraiment fidèles au Christ, à son Église et à notre Famille religieuse, nous devonsretourner au cœur de notre charisme et de notre mission avec un cœur brûlant et unecharité ouverte. Tirons notre force et notre inspiration de notre rencontre avec le Dieu Trinité et des exemples de Trinitaires qui ont tout sacrifié pour servir les pauvres et les persécutés. Le drame persistant de la persécution religieuse dans le monde devrait réveiller notre conscience, nous permettre d’être plus fidèle à notre foi et à notre engagement envers notre charisme et notre identité trinitaires.

Saint Jean de Matha nous a laissé un héritage de service altruiste et humble. Il ne veut pas que ses fils soient servis mais qu’ils servent. Un égocentrique cherche toutes les occasions pour être servi, obtenir le maximum et donner le minimum. C’est alors que pointe la menace d’être une proie facile à toutes sortes d’abus : pouvoir, argent et sexe.En vivant l’esprit de charité et de service évangéliques de tout son être, on évite le risque dy succomber. Selon notre Père, nous ne devons pas chercher à vivre dans la classe des privilégiés, mais plutôt être des humbles serviteurs les uns des autres et denos frères et sœurs pauvres et souffrants. Il insiste sur le fait que ceux qui ont la charge de conduire nos communautés doivent être des serviteurs et des ministres et non des supérieurs et des seigneurs. Ce que je suis, je le dois en grande partie à l’Église, à la Famille trinitaire et à l’institut auquel j'appartiens. Critiquer mes frères et mes sœursest un exercice futile, inutile et une perte de temps. Au contraire, toute personne contribuant à la construction de sa communauté, de sa fraternité ou de son institut dans un esprit de service construit notre Famille. Dans notre effort de contribuer activement à notre communauté ou à notre fraternité, il ne faut pas sous-estimerl’importance du travail d’équipe et de la collaboration. Soyons d’authentiquespassionnés et de fidèles fils et filles de l'Église, de la famille trinitaire et de notre propre institut. Les fêtes de l'Incarnation de Notre Seigneur et de saint Jean de Matha nous invitent à nous élever aux idéaux du don total de soi et du service généreux et humble.

En ce temps béni, je vous souhaite à tous une joyeuse fête de saint Jean de Matha et un joyeux Noël de paix !

Fraternellement vôtre,

Rome, le 2 décembre 2018
Premier dimanche de l’Avent

Fr. Jose Narlaly, O.SS.T. Ministre général